
Pour commencer Wes, pouvez-vous vous présenter
et nous dire d'où vous venez ?
Mon nom est Wes Mackey. Je viens d'une petite ville appelée Yamacy,
dans l'état de Caroline du Sud.
Quelle a été votre éducation
musicale ?
J'ai appris à jouer auprès de beaucoup de grands musiciens.
Quand j'ai terminé mes études au lycée, je suis parti
en Géorgie. Là, j'ai eu la chance de pouvoir rencontrer
énormément de vieux bluesmen qui avaient fait partie de
big bands.
Ils m'ont pris sous leur aile, en quelque sorte. Ils m'ont appris tous
leurs trucs en prenant le temps de tout m'expliquer. Très rapidement,
j'ai intégré un groupe. Depuis ce jour, je ne me suis pas
arrêté de jouer. A plein temps quand je le pouvais, ou bien
à mi-temps quand je n'avais pas le choix.
Mon groupe de l'époque accompagnait pas mal de grands guitaristes
qui passaient en tournée en Géorgie. Spécialement
à l'Université de Géorgie, où j'ai eu l'opportunité
de partager la scène avec Muddy Waters, Jimmy Reed et John Lee
Hooker. Bien entendu, je ne comptais pas vraiment comme un membre de leur
groupe.
Simplement, ils ne voyageaient pas toujours avec leur groupe au complet
et dans ce cas, ils choisissaient des musiciens locaux pour les accompagner.
Comme j'étais au bon endroit au bon moment, j'ai bénéficié
de cette opportunité.
Et par la suite, j'ai déménagé au Nord, à
New York. J'y ai joué avec différents groupes, puis je me
suis mis à voyager de ci, de là. J'ai accompagné
autant d'anonymes que de personnes connues.
Pouvez-vous évoquer quelle a été
votre première guitare ? Je crois savoir qu'elle n'avait que trois
cordes ?
Ça date d'avant mon arrivée en Géorgie. Ma toute
première guitare, quand j'étais encore très jeune,
n'avais effectivement que trois cordes. Les autres musiciens avaient des
guitares à 4, 5 ou 6 cordes, mais pas moi (il fredonne une mélodie,
NDLR). Là, je vous parle du blues du bon vieux temps. Voilà
vraiment par quoi j'ai commencé. Pour moi, tout vient de là.
Dès que je suis parti plus loin, je suis devenu plus sérieux
dans le choix de mes guitares. Au départ, je n'avais pas vraiment
envie d'être musicien un jour. Sauf, qu'un jour, j'ai vu un gars
jouer de la guitare tellement bien. Ce jour-là, j'ai compris que
c'est ce que je voulais faire de ma vie. Tous mes amis se moquaient de
moi. Ils me trouvaient trop vieux pour ça (je n'avais pas plus
de dix sept ans). 
Moi, je me suis dépêché d'aller en ville pour m'acheter
une guitare au plus vite (je travaillais dans une boulangerie à
l'époque). Je me souviens que c'était une Fender Jaguar,
qui valait pas loin de trois cent dollars. Ce qui faisait déjà
beaucoup pour une guitare à l'époque.
Pourquoi avez-vous décidé de vous
installer au Canada ?
Je m'y suis rendu pour la première fois lors de l'Exposition de
Montréal en 1967. J'ai tout de suite aimé le Canada, je
m'y sentais bien. Finalement, je me suis fixé là-bas en
1971. Je me produisais dans tout le pays avec mon propre groupe. Nous
faisions la tournée des grands hôtels, puis nous avons suivi
le circuit des croisières.
Au bon d'un moment, j'ai eu envie de revenir à ce que je sais faire
de mieux. Jouer le blues ! Imaginez que partout où je jouais, dans
n'importe quelle configuration, cela sonnait toujours blues. Que j'interprète
du jazz ou de la country, le blues ressortais tôt ou tard. Je suis
donc revenu à mes racines : le blues.
Trois disques ont été édités alors. "
Bluesman ", " Second chance " et le dernier vient de sortir
: " Mr Blues ".
Est-ce que le Canada est un bon endroit pour le
blues ? Est-ce qu'on y trouve beaucoup de clubs ? Connaissez-vous d'autres
bluesmen américains installés dans le coin comme Mel Brown
?
Bien entendu ! J'ai déjà rencontré Mel Brown. Colin
James également, qui vit à Vancouver. J'ai connu Long John
Baldry, mais il nous a quittés depuis. Bien que je n'aie jamais
eu le plaisir de jouer avec lui, nous nous sommes croisés à
plusieurs reprises.
Un autre musicien vit à Vancouver - un ami très proche qui
tourne souvent en Europe. Un pianiste de boogie woogie qui se fait appeler
Kenny " Blues Boss " Wayne.
Pouvez-vous nous parler de votre discographie
?
Mon premier album s'appelle " Bluesman ", à cause de
la chanson, pas à cause de moi. C'est la chanson titre de l'album
: " bluesman, please don't hit the road again
" (il
fredonne). C'est un de mes meilleurs amis qui l'a composée.
Je parie que vous croyez qu'une femme l'avait écrite. 
Ensuite, j'ai sorti mon album suivant : " Second chance " et
enfin, " Mr Blues ". Je pense que c'est mon meilleur album.
Il a été accueilli très favorablement par la presse.
Cela ressort des interviews que j'ai données. Je ne prétends
pas que c'était leur album préféré, mais tous
m'en ont dit que du bien. C'est pourquoi je me retrouve ici, pour faire
la promotion de ce disque.
Après toutes ces années, quels sont
vos meilleurs souvenirs ?
C'est une question très difficile. Laissez-moi y réfléchir.
(
) J'ai un trou ! Parmi tous mes souvenirs, je suis incapable de
m'en rappeler un seul.
Je me souviens quand j'ai été engagé pour jouer à
Paris. Cela remonte à deux ans auparavant. Je me produisais en
tournée en Angleterre. Comme j'avais quelques jours de repos, je
voulais en profiter pour rentrer plus tôt à Vancouver. Quelqu'un
m'a parlé d'un club parisien qui pourrait m'engager. C'était
le Quai du Blues, le Maxwell Cafe.
Une fois le programmateur en ligne, j'ai eu du mal à me faire comprendre
tellement j'étais excité. Il consultait mon site web en
même temps que nous discutions. Et il m'a demandé de venir
immédiatement à Paris. Il avait besoin de moi dans les deux
jours.
Quand je suis arrivé à Paris, je n'arrivais pas à
y croire. J'étais enfin là pour jouer du blues ! Le week-end
où j'ai joué, le public était très nombreux.
J'avais un excellent groupe pour m'accompagner. Je me sentais si bien
! Cela semblait irréel.
Quels sont vos projets pour le futur ?
Actuellement, je travaille déjà sur mon prochain disque.
Je ne vais pas le sortir cette année encore, car le CD est trop
récent. Je commence seulement à recevoir des échos
à son sujet. Il faut que je continue à travailler autant
que possible. L'album suivant sortira l'année prochaine. J'ai déjà
du matériel prêt, mais le nom n'est pas encore défini.
Celui-là sera certainement mon meilleur. On y trouvera plus de
compositions originales. Je veux avoir un plus grand contrôle sur
la production. Dans le passé, j'ai laissé d'autres personnes
prendre la main. Cette fois, c'est mon tour !
http://www.bluesline.mu/
http://www.wesmackey.com
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