Willie " Big Eyes " SMITH
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

 

Comment avez vous ressenti l'évolution du blues depuis vos débuts?
Tout d'abord, quand j'ai commencé la musique, c'était beaucoup plus difficile. Aujourd'hui, les jeunes artistes ont plus de facilités, ne serait ce qu'avec l'aide des nouvelles technologies. Toutes les époques sont différentes, des années 40 à aujourd'hui. Aujourd'hui les jeunes ne font pas un mauvais blues, je ne veux pas critiquer qui que ce soit. Il faut pourtant bien avouer que ce n'est pas la même chose que ce que l'on faisait à l'époque. Aujourd'hui les jeunes font leur " truc " et nous les anciens nous continuons à faire le notre.

Vous avez encore gagné un WC Handy Award cette année, avez vous encore assez de place pour tous les ranger ?
Il y a une pièce chez moi où j'ai encore de la place (rires).
En fait l'endroit où j'aurai toujours de la place, c'est le cœur, car toutes mes récompenses y vont tout droit….
Je suis très fier de ces trophées car tout ce que je suis, c'est le blues. D'ailleurs entre parenthèses en ce moment tu regardes " Le Blues " (rires).
Me plus grande récompense est de jouer avec des leaders formidables. Avec Snooky PRYOR, par exemple, pour les gens cela sonne comme de la bonne musique, mais pour nous c'est tout naturel comme si nous nous parlions.
Quand mon fils était bébé, je lui mettais toujours de la musique près de berceau, du jazz, du blues, du rock'n'roll mais principalement du blues. Il a donc grandit dans cet environnement, nous nous comprenons à travers le blues, c'est notre vie. En me promenant, lorsque je vois de jeunes musiciens qui jouent le blues je me dis que cette musique ne mourra jamais, elle existera toujours !

Vous avez été le dernier batteur de Muddy WATERS, qu'est ce que cela représente pour vous 20 ans après sa mort ?
Quand on a passé 20 ans avec quelqu'un comme Muddy, il est évident que cela déteint sur vous. Je suis d'une génération plus jeune que Muddy, je suis donc peut être plus ouvert à d'autres styles que le sien mais en même temps les 20 ans passés avec lui m'ont marqués à tout jamais. J'ai depuis sa mort enregistré 8 albums sous mon propre nom et joué dans différents styles mais sa marque reste gravée au plus profond de moi. On ne peut pas se détacher d'une telle influence….
En 1980 cela a été un déchirement de quitter Muddy mais la base de la musique elle même a gardé la même signification.

Pensez vous, qu'à son tour votre musique déteint sur les jeunes ?
Peut être, mais malgré cela il ne faut pas oublier que ce que font les jeunes aujourd'hui, si cela reste du blues, c'est leur propre blues. Ce n'est pas le blues qui était le notre, le leur n'a pas la même profondeur….
Beaucoup de jeunes musiciens se font une mauvaise idée du blues. Ils pensent que cette musique doit être jouée fort et rapidement, mais ce n'est pas ça le blues.
Le blues est une forme d'art, comme un tableau sur un mur, ce n'est pas un truc où il est besoin d'en faire des tonnes.
Il y a des gens qui pratiquent cette musique pour l'argent, mais le blues n'a rien à voir avec l'argent. Pour en revenir à la relève, pour exemple mon fils qui a 29 ans et qui joue du blues car il n'a jamais connu autre chose, fait lui référence au vieux blues. Le blues continuera à changer, cette musique a commencée de façon acoustique pour s'électrifier par la suite, avec Muddy WATERS, à cette image, le blues continuera d'évoluer….

 

 
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Interview réalisée

le 25 juillet 2003 au

Cognac Blues Passions

Propos recueillis par David BAERST

 

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