Yann, peux-tu te présenter, d'où
viens-tu et quand as-tu commencé la musique ?
Je viens de Paris où j'ai commencé la musique il y a une
quinzaine d'années. Je me suis directement mis à la guitare
suite à l'écoute de 2 albums de Kiss, donc on est déjà
un peu éloigné du domaine du blues, excuse moi.
J'ai été " piqué " et je ne me suis pas
arrêté depuis.
As-tu eu l'occasion de pratiquer d'autres instruments
?
Non, la guitare était vraiment le coup de cur.
Il est vrai que j'ai aussi pratiqué la batterie car mon frère
était batteur et ce déjà 2 ans avant moi.
La guitare et la batterie se complètent bien, d'autant plus que
je n'ai fait que de la guitare rythmique pendant 7 ans.
Ceci m'a permis d'avoir un jeu médiator main droite qui est très
rythmique et de comprendre tout ce qui est croche, triolet et compagnie.
J'ai toujours considéré la main droite des guitaristes (ou
gauche pour les gauchers) comme notre batterie, c'est pour cela que la
guitare peut être un instrument aussi percussif que mélodique
.
Cette initiation à la batterie m'a beaucoup apporté et j'en
joue toujours un petit peu.
As-tu commencé à te produire rapidement
dans des groupes et quand es-tu passé professionnel ?
J'ai commencé à me produire dans pleins de petits groupes
avec mon frangin à la batterie.
Je survis de ma musique depuis l'année 2000 donc c'est assez récent.
Avant cela j'ai écumé beaucoup de groupes et petits clubs,
fais des démos et démarché des maisons de disques
avec des accroches par ci par là qui n'ont jamais rien donné.
C'est donc en 2000 que tu as réalisé
ton premier album, peux tu nous parler de ta discographie ?
Le premier album était un peu un hasard car c'est un ami à
moi qui tenait Best et Hardforce, donc un groupe de presse qui avait aussi
une VPC et qui travaillait avec beaucoup de radios.
Pour s'agrandir, le gérant a eu l'idée de fonder un label
et il m'a proposé d'être sa première signature.
Ceci en instrumental, chose que je n'avais jamais fait.
Je lui faisais parvenir toutes mes démos et il me suivait depuis
quelques années. Il est vrai qu'arrivant au chorus on avait du
mal à me faire taire, donc il sentait que j'avais déjà
quelque chose à dire au niveau instrumental. C'est donc lui qui
a été le déclencheur de tout cela.
Ton nouvel album Cross-rocks se démarque
par une démarche plus blues, comment s'est produit le déclic
et comment as-tu découvert Robert Johnson qui est le grand inspirateur
de ce disque ?
J'écoute du blues depuis très longtemps, ce n'est pas une
musique découverte lors de l'enregistrement de mon dernier album
pour moi. Même les groupes de hard que j'écoute ont un style
lié au blues, que ce soit Aerosmith, Thunder etc
.
Si tu commences à décortiquer tout cela, c'est du blues.
Le types, quand ils jouent un chorus, c'est blues.
J'avais donc déjà cette approche du blues via tout ce que
j'écoutais, sans oublier les Stevie Ray Vaughan, Rory Gallagher
et compagnie
.
Le déclic par rapport à Robert Johnson est venu naturellement
car dans chacun de mes albums j'aime faire un clin d'il aux musiques
que j'écoute. Je souhaitais aller un peu plus du côté
du blues, j'ai donc écouté la courte discographie de Robert
Johnson. J'ai débuté en travaillant 2 instrumentaux "
Walking blues " et " If I had possession over judgement day
", suite à cela mon éditeur qui a ses équipes
aux USA a parlé de notre projet d'album. Ses équipes américaines
travaillaient justement sur un projet quasi identique avec des intervenants,
ils nous ont demandé d'en faire partie.
Nous avons donc commencé à nous envoyer des e-mails, des
fichiers audios etc
.
Ils nous avaient proposé 6-7 titres, j'en ai retenu 3 et ça
s'est très bien passé. Ils faisaient le playback de leur
côté, me l'envoyait et j'y posais mes guitares. Cela nous
convenait très bien et ça a été très
rapide.
Le fait d'adapter ces vieux morceaux à
ton propre son t'a t'il demandé un travail spécifique ?
Oui et non car il est vrai que les titres de Robert Johnson sont tous
en mono, c'est guitare-chant avec un micro dans la pièce, donc
de ce fait souvent bancal rythmiquement.
Il y a souvent des accroches et ça peut être ce que j'appelle
" mijeur " c'est à dire entre majeur et mineur, on ne
sait pas trop où il veut en venir. Mais il y avaitune âme
là-dedans
.
Ceci ouvre la porte à plein de choses, il suffit que tu retiennes
un thème de son titre, moi je me basais sur la mélodie de
chant car souvent ce qu'il fait à la guitare c'est un peu la même
chose. Par contre au niveau du chant il y avait de vraies mélodies
que j'ai jouées à la guitare et après j'ai "
brodé " autour de cela.
C'est pour cela, par exemple, que " If i had a possession of a judgement
day " est un titre qui sur mon album dur 5-6 minutes alors que la
version originale dure 2 minutes 30.
J'ai rajouté des petits breaks qui sont du Armellino et pas du
Johnson et je me suis vraiment amusé.
Concernant les adaptations américaines, ils avaient déjà
fait le boulot, me proposant les playbacks. Du coup je n'avais pas une
vraie construction à faire musicalement puisque ce qu'ils m'envoyaient
avait déjà de la gueule. J'y ai juste posé ma patte
et mes guitares.
Après
cette première expérience te sens tu plus proche du blues,
c'est un style que tu pourrais revisiter chroniquement ?
Je ne m'en sens pas plus proche car pour moi je l'ai toujours été.
Il est vrai que beaucoup de gens pensent que je sonne beaucoup plus blues
qu'avant ce qui est faux car mes chorus et ma façon de jouer n'ont
pas changé. Il est vrai que quand tu joues avec des rythmes "
shuffle " tu es plus facilement mis dans la case blues
.
Je pense que c'est la suite logique de mon jeu, bien qu'avant je me servais
davantage de supports " heavy ".
Au niveau des instruments, as-tu utilisé
ton matériel habituel ou as-tu cherché des guitares qui
sonnaient plus blues ?
Quand j'enregistre un album, je passe d'une guitare à une autre,
je n'arrête pas d'essayer plusieurs sonorités différentes.
Le but du jeu est d'avoir un parc de guitares assez conséquent
pour pouvoir à chaque fois prendre la bonne guitare pour le bon
son. En chorus j'ai joué sur mes Ibanez et pour les rythmiques
je passais sur Telecaster, Stratocaster ou Lespaul etc
.
Comment travailles-tu pour la distribution de
tes albums ?
Pour l'instant l'album n'est distribué qu'en France et en Suisse,
il semblerait qu'il y ait bientôt la Belgique.
Pour tout le reste des pays nous sommes en attente, qui est plutôt
positive car mon éditeur et mon label ont revu nos contacts au
Midem fin janvier dernier. Il se trouve que les gens ont bien accroché
sur l'album, c'est imminent ça devrait sortir. J'ai aussi les équipes
américaines de Jean Davoust qui travaillent sur une sortie au Canada
et aux USA.
J'espère que d'ici septembre, l'album sera disponible un peu partout.
Tout ce que l'on fait sur la promo hexagonale va nous servir pour pouvoir
travailler à l'étranger car ces gens là ont besoins
de résultats. Ils sont rarement à la base d'une sortie,
ils préfèrent d'abord voir comment cela se passe ailleurs,
ce qui est quelque part normal.
As-tu déjà eu l'occasion de faire
des tournées à l'étranger ?
Non, mais j'espère que ça va se faire. C'est actuellement
en pourparlers avec l'Allemagne. Steve Thompson qui " deale "
mon album au Canada souhaiterai que je vienne. J'y ai aussi un projet
de DVD avec Jeff Healey, ce qui peut nous aider car il est toujours très
connu au Canada.
Je pense que le bon axe à trouver est à chaque fois de m'inclure
en première partie sur une tournée ou me faire faire un
" featuring " sur un album ou une radio avec quelqu'un de connu
là-bas. Ceci afin de me présenter dans un premier temps
plutôt que de dire : " Coucou, Yann Armellino, France ! ".
As-tu des projets de concerts en France ?
Oui, les Festival de Castelmaurou, qui est un festival de guitares (Guitares
Folie) qui est parrainé par Francis Cabrel, c'est le site laguitare.com
qui organise
.
Après je fais Issoudun, un autre grand Festival que tu dois connaître
dont la tête d'affiche était l'année dernière
Popa Chubby, ce sera en Octobre.
Il y a aussi un gros truc qui se prépare pour Bruxelles mais il
est un peu tôt pour en parler, ce sera un Festival de guitares en
Octobre aussi.
J'ai aussi 2-3 autres dates et peut être une concentration Harley,
j'espère rajouter 30 à 40 dates dans mon agenda d'ici à
la fin de l'année.
De plus il y a le Salon de la musique, qui a de nouveau lieu en France,
sur lequel je serai sur le stand Ibanez pendant 3 jours à faire
de la démonstration de matériel mais aussi la promo de mon
disque car je jouerai mes titres.
Parmi les guitaristes actuels quels sont ceux
que tu apprécies le plus ?
J'écoute énormément le dernier album de Kenny Wayne
Sheppard qui est mon coup de cur, c'est un disque magnifique.
C'est du blues mais très large, c'est presque de la soul-rock-blues,
il a un très bon jeu de guitare avec un chanteur invité
sur 2 titres blues, c'est un gros coup de cur.
Il y a aussi l'album de Thunder avec Luke Morley que j'écoute beaucoup.
Ils sont classés dans le rock-hard blues britannique, alors que
c'est malheureusement dans les bacs hard-rock que tu les trouveras en
France.
Je suis sûr que si beaucoup de gens qui écoutent du blues
tendaient une oreille sur leur disque, ils diraient que c'est super. Quelque
part ils ont autant leur place dans le blues qu'un Rory Gallagher, mais
en France c'est un peu trop segmenté.
En terme de conclusion que souhaiterai tu ajouter
?
Qu'il ne faut pas avoir trop d'illères, il faut faire tomber
les frontières musicales. Ce que j'essaye de faire car dans mon
album il n'y a pas que du blues, je vais du côté de l'électro,
du hard-rock, du métal.
La musique c'est universel, c'est un langage que tout le monde peut parler.
Je me bats contre ça, le jour où en France tous les grands
disquaires feront un unique classement par ordre alphabétique comme
en Angleterre ou aux Etats-Unis, ce sera un grand pas de fait.
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