Yann Armellino
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Yann, peux-tu te présenter, d'où viens-tu et quand as-tu commencé la musique ?
Je viens de Paris où j'ai commencé la musique il y a une quinzaine d'années. Je me suis directement mis à la guitare suite à l'écoute de 2 albums de Kiss, donc on est déjà un peu éloigné du domaine du blues, excuse moi.
J'ai été " piqué " et je ne me suis pas arrêté depuis.

As-tu eu l'occasion de pratiquer d'autres instruments ?
Non, la guitare était vraiment le coup de cœur.
Il est vrai que j'ai aussi pratiqué la batterie car mon frère était batteur et ce déjà 2 ans avant moi.
La guitare et la batterie se complètent bien, d'autant plus que je n'ai fait que de la guitare rythmique pendant 7 ans.

Ceci m'a permis d'avoir un jeu médiator main droite qui est très rythmique et de comprendre tout ce qui est croche, triolet et compagnie. J'ai toujours considéré la main droite des guitaristes (ou gauche pour les gauchers) comme notre batterie, c'est pour cela que la guitare peut être un instrument aussi percussif que mélodique….
Cette initiation à la batterie m'a beaucoup apporté et j'en joue toujours un petit peu.

As-tu commencé à te produire rapidement dans des groupes et quand es-tu passé professionnel ?
J'ai commencé à me produire dans pleins de petits groupes avec mon frangin à la batterie.
Je survis de ma musique depuis l'année 2000 donc c'est assez récent.
Avant cela j'ai écumé beaucoup de groupes et petits clubs, fais des démos et démarché des maisons de disques avec des accroches par ci par là qui n'ont jamais rien donné.

C'est donc en 2000 que tu as réalisé ton premier album, peux tu nous parler de ta discographie ?
Le premier album était un peu un hasard car c'est un ami à moi qui tenait Best et Hardforce, donc un groupe de presse qui avait aussi une VPC et qui travaillait avec beaucoup de radios.
Pour s'agrandir, le gérant a eu l'idée de fonder un label et il m'a proposé d'être sa première signature.
Ceci en instrumental, chose que je n'avais jamais fait.

Je lui faisais parvenir toutes mes démos et il me suivait depuis quelques années. Il est vrai qu'arrivant au chorus on avait du mal à me faire taire, donc il sentait que j'avais déjà quelque chose à dire au niveau instrumental. C'est donc lui qui a été le déclencheur de tout cela.

Ton nouvel album Cross-rocks se démarque par une démarche plus blues, comment s'est produit le déclic et comment as-tu découvert Robert Johnson qui est le grand inspirateur de ce disque ?
J'écoute du blues depuis très longtemps, ce n'est pas une musique découverte lors de l'enregistrement de mon dernier album pour moi. Même les groupes de hard que j'écoute ont un style lié au blues, que ce soit Aerosmith, Thunder etc….

Si tu commences à décortiquer tout cela, c'est du blues.
Le types, quand ils jouent un chorus, c'est blues.
J'avais donc déjà cette approche du blues via tout ce que j'écoutais, sans oublier les Stevie Ray Vaughan, Rory Gallagher et compagnie….

Le déclic par rapport à Robert Johnson est venu naturellement car dans chacun de mes albums j'aime faire un clin d'œil aux musiques que j'écoute. Je souhaitais aller un peu plus du côté du blues, j'ai donc écouté la courte discographie de Robert Johnson. J'ai débuté en travaillant 2 instrumentaux " Walking blues " et " If I had possession over judgement day ", suite à cela mon éditeur qui a ses équipes aux USA a parlé de notre projet d'album. Ses équipes américaines travaillaient justement sur un projet quasi identique avec des intervenants, ils nous ont demandé d'en faire partie.

Nous avons donc commencé à nous envoyer des e-mails, des fichiers audios etc….
Ils nous avaient proposé 6-7 titres, j'en ai retenu 3 et ça s'est très bien passé. Ils faisaient le playback de leur côté, me l'envoyait et j'y posais mes guitares. Cela nous convenait très bien et ça a été très rapide.

Le fait d'adapter ces vieux morceaux à ton propre son t'a t'il demandé un travail spécifique ?
Oui et non car il est vrai que les titres de Robert Johnson sont tous en mono, c'est guitare-chant avec un micro dans la pièce, donc de ce fait souvent bancal rythmiquement.
Il y a souvent des accroches et ça peut être ce que j'appelle " mijeur " c'est à dire entre majeur et mineur, on ne sait pas trop où il veut en venir. Mais il y avaitune âme là-dedans….

Ceci ouvre la porte à plein de choses, il suffit que tu retiennes un thème de son titre, moi je me basais sur la mélodie de chant car souvent ce qu'il fait à la guitare c'est un peu la même chose. Par contre au niveau du chant il y avait de vraies mélodies que j'ai jouées à la guitare et après j'ai " brodé " autour de cela.
C'est pour cela, par exemple, que " If i had a possession of a judgement day " est un titre qui sur mon album dur 5-6 minutes alors que la version originale dure 2 minutes 30.

J'ai rajouté des petits breaks qui sont du Armellino et pas du Johnson et je me suis vraiment amusé.
Concernant les adaptations américaines, ils avaient déjà fait le boulot, me proposant les playbacks. Du coup je n'avais pas une vraie construction à faire musicalement puisque ce qu'ils m'envoyaient avait déjà de la gueule. J'y ai juste posé ma patte et mes guitares.

Après cette première expérience te sens tu plus proche du blues, c'est un style que tu pourrais revisiter chroniquement ?
Je ne m'en sens pas plus proche car pour moi je l'ai toujours été. Il est vrai que beaucoup de gens pensent que je sonne beaucoup plus blues qu'avant ce qui est faux car mes chorus et ma façon de jouer n'ont pas changé. Il est vrai que quand tu joues avec des rythmes " shuffle " tu es plus facilement mis dans la case blues….
Je pense que c'est la suite logique de mon jeu, bien qu'avant je me servais davantage de supports " heavy ".

Au niveau des instruments, as-tu utilisé ton matériel habituel ou as-tu cherché des guitares qui sonnaient plus blues ?
Quand j'enregistre un album, je passe d'une guitare à une autre, je n'arrête pas d'essayer plusieurs sonorités différentes. Le but du jeu est d'avoir un parc de guitares assez conséquent pour pouvoir à chaque fois prendre la bonne guitare pour le bon son. En chorus j'ai joué sur mes Ibanez et pour les rythmiques je passais sur Telecaster, Stratocaster ou Lespaul etc….

Comment travailles-tu pour la distribution de tes albums ?
Pour l'instant l'album n'est distribué qu'en France et en Suisse, il semblerait qu'il y ait bientôt la Belgique.
Pour tout le reste des pays nous sommes en attente, qui est plutôt positive car mon éditeur et mon label ont revu nos contacts au Midem fin janvier dernier. Il se trouve que les gens ont bien accroché sur l'album, c'est imminent ça devrait sortir. J'ai aussi les équipes américaines de Jean Davoust qui travaillent sur une sortie au Canada et aux USA.

J'espère que d'ici septembre, l'album sera disponible un peu partout. Tout ce que l'on fait sur la promo hexagonale va nous servir pour pouvoir travailler à l'étranger car ces gens là ont besoins de résultats. Ils sont rarement à la base d'une sortie, ils préfèrent d'abord voir comment cela se passe ailleurs, ce qui est quelque part normal.

As-tu déjà eu l'occasion de faire des tournées à l'étranger ?
Non, mais j'espère que ça va se faire. C'est actuellement en pourparlers avec l'Allemagne. Steve Thompson qui " deale " mon album au Canada souhaiterai que je vienne. J'y ai aussi un projet de DVD avec Jeff Healey, ce qui peut nous aider car il est toujours très connu au Canada.
Je pense que le bon axe à trouver est à chaque fois de m'inclure en première partie sur une tournée ou me faire faire un " featuring " sur un album ou une radio avec quelqu'un de connu là-bas. Ceci afin de me présenter dans un premier temps plutôt que de dire : " Coucou, Yann Armellino, France ! ".

As-tu des projets de concerts en France ?
Oui, les Festival de Castelmaurou, qui est un festival de guitares (Guitares Folie) qui est parrainé par Francis Cabrel, c'est le site laguitare.com qui organise….
Après je fais Issoudun, un autre grand Festival que tu dois connaître dont la tête d'affiche était l'année dernière Popa Chubby, ce sera en Octobre.
Il y a aussi un gros truc qui se prépare pour Bruxelles mais il est un peu tôt pour en parler, ce sera un Festival de guitares en Octobre aussi.
J'ai aussi 2-3 autres dates et peut être une concentration Harley, j'espère rajouter 30 à 40 dates dans mon agenda d'ici à la fin de l'année.
De plus il y a le Salon de la musique, qui a de nouveau lieu en France, sur lequel je serai sur le stand Ibanez pendant 3 jours à faire de la démonstration de matériel mais aussi la promo de mon disque car je jouerai mes titres.

Parmi les guitaristes actuels quels sont ceux que tu apprécies le plus ?
J'écoute énormément le dernier album de Kenny Wayne Sheppard qui est mon coup de cœur, c'est un disque magnifique.
C'est du blues mais très large, c'est presque de la soul-rock-blues, il a un très bon jeu de guitare avec un chanteur invité sur 2 titres blues, c'est un gros coup de cœur.

Il y a aussi l'album de Thunder avec Luke Morley que j'écoute beaucoup. Ils sont classés dans le rock-hard blues britannique, alors que c'est malheureusement dans les bacs hard-rock que tu les trouveras en France.
Je suis sûr que si beaucoup de gens qui écoutent du blues tendaient une oreille sur leur disque, ils diraient que c'est super. Quelque part ils ont autant leur place dans le blues qu'un Rory Gallagher, mais en France c'est un peu trop segmenté.

En terme de conclusion que souhaiterai tu ajouter ?
Qu'il ne faut pas avoir trop d'œillères, il faut faire tomber les frontières musicales. Ce que j'essaye de faire car dans mon album il n'y a pas que du blues, je vais du côté de l'électro, du hard-rock, du métal.

La musique c'est universel, c'est un langage que tout le monde peut parler. Je me bats contre ça, le jour où en France tous les grands disquaires feront un unique classement par ordre alphabétique comme en Angleterre ou aux Etats-Unis, ce sera un grand pas de fait.

 

 
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Interview réalisée à

Paris Etoile 17ème le 18 avril 2005

Propos recueillis par David BAERST
En exclusivité !

 

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