Zachary Richard
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Nda : Guidé par la passion, l’amour et une irrésistible envie de livrer de nobles combats (comme la défense de la langue et de la culture francophone en Amérique du Nord ou encore la sensibilisation des gens face à l’irresponsabilité humaine), le louisianais Zachary Richard mène depuis plus de 40 ans une impressionnante carrière musicale. Si cette dernière (marquée par l’obtention de plusieurs disques d’or ou de platine, ainsi que l’élaboration de succès intemporels tels que « Travailler c’est trop dur », « La ballade de Jean Batailleur », « Pagayez », « L’arbre est dans ses feuilles », « Come on Sheila », « Who stole my monkey » etc.) lui permet de se situer au sommet des musiques roots américaines, elle ne l’empêche pas pour autant de s’exprimer avec tact dans le domaine de la littérature et de la poésie.
Honoré des deux côtés de l’Atlantique pour ses multiples talents (Officier de l’Ordre des Arts et des Lettres de la République Française, Chevalier de l’Ordre de la Pléiade, Docteur Honoris Causa de plusieurs Universités américaines…), Zachary Richard parcourt inlassablement le monde avec simplicité et générosité…dans le seul but de faire danser ou d’émouvoir les gens.
Marqué par les terribles inondations qui ont touché la Louisiane en août 2016 (et qui, en son absence, se sont emparé de sa maison et de ses biens), l’auteur-compositeur et multi-instrumentiste a pourtant accepté de me recevoir afin de répondre à quelques-unes de mes questions. Cela, peu de temps après avoir pris connaissance de l’étendue des dégâts…Le soir même, comme si de rien n’était, il livrait un concert intense devant une audience complètement acquise à sa cause. Un public se rendant bien compte que devant lui, s’acharnait un véritable homme de cœur.

Zachary, en prélude à cet entretien, pouvez-vous revenir sur l’environnement musical qui était le vôtre durant votre enfance en Louisiane ?
La Louisiane est un état intéressant car il se situe au carrefour de nombreuses cultures. Ma communauté (qui est la communauté acadienne, dite cajun) est très métissée. Chez nous, la pureté de la race n’a jamais existé. Nous sommes très marqués par l’immigration africaine mais aussi par des influences irlandaises, écossaises, françaises, américaines, anglaises, allemandes et espagnoles. 66
C’est un véritable melting pot et notre musique, bien sûr, en est la parfaite illustration. A titre personnel, j’ai grandi au sein d’une culture où la musique est reconnue. Les musiciens y sont tous appréciés dans une certaine mesure. Autour de moi, il y avait Fats Domino, Clifton Chenier et tous les sons afro-louisianais qui sont ceux qui m’excitent le plus. Dans mon enfance, j’étais confronté à la musique cajun mais elle était un peu en sommeil. Elle passait en dessous des radars… Je suis né en 1950 et, alors que j’étais adolescent, l’âge d’or de ce registre tirait à sa fin. Les salles de danse fermaient toutes les unes après les autres…
Ce registre musical était éclipsé par les musiques anglo-américaines et, de ce fait, j’ai vécu mes premiers frissons musicaux en écoutant les Beatles et les Rolling Stones. Ce sont ces groupes qui m’ont guidé vers une espèce de « jeu de piste » qui m’a, naturellement, conduit vers la musique folk américaine. C’était un circuit tortueux qui m’a ramené aux racines de la musique de mon pays… Ainsi, je suis revenu à Fats Domino et Clifton Chenier, mais aussi à des bluesmen tels que Slim Harpo et compagnie. J’ai, aussi, été très marqué par le rock’n’roll de Jerry Lee Lewis et par la musique country. Dans ce creuset, se sont forgés des alliages de traditions ethniques qui venaient de toute la planète. Chacune d’entre elles possédant ses propres héritages musicaux, la diversité des sons est multipliée par l’infini en Louisiane. Durant mon enfance, j’ai donc été confronté à de nombreuses musiques et mes goûts ont évolué en permanence.
C’est à l’église que j’ai commencé à chanter. J’ai été formé comme un soprano et je me produisais à la messe tous les dimanches. Ceci dit, par la suite, j’ai décidé d’abandonner le bon dieu afin de suivre le diable pour me produire dans les salles de danse.La Louisiane est une terre très fertile pour un musicien, quelque que soit sa sensibilité ou son registre de prédilection. Je suis très honoré d’avoir été bercé au cœur d’une telle diversité…

Comme tout le monde le sait, en plus d’être devenu un auteur-compositeur-interprète (ainsi qu’un multi-instrumentiste, un poète et un écrivain), vous êtes depuis toujours un farouche défenseur de la langue française aux Etats-Unis. Vous êtes, par ailleurs, un membre fondateur d’Action Cadienne (Cajun Action) qui défend la francophonie et la culture cadienne en Louisiane. Quelles ont été ses actions durant ses 20 années d’existence ?
Action Cadienne a, en effet, été fondée en 1996 suite au premier Congrès Mondial Acadien (qui s’est déroulé en 1994, à Moncton et dans neuf localités du Sud-Est du Nouveau-Brunswick,afin de faire un survol sur l’histoire). Mes ancêtres ont quitté l’ouest de la France il y a, environ 400 ans, afin de s’installer en Acadie qui est un pays qui n’existe plus…sauf dans le cœur des acadiens. Son territoire se trouvait dans ce qui s’appelle, aujourd’hui, la Nouvelle-Ecosse. Nous avons subi le plus grand nettoyage ethnique, provoqué par des gens d’origine européennes, de l’histoire de l’Amérique du Nord (le Grand Dérangement, dont la Déportation des Acadiens de 1755 à 1763). Pendant leur exil, les acadiens ont réussi à trouver un nouveau pays, qui était la Louisiane…

Action Cadienne a été fondée par moi-même et un groupe de militants qui a refusé une certaine notion, qui dit que la langue française et la culture cadiennesont inférieures à la culture anglo-américaine. Cela aurait pu être le chinois mais il se trouve que c’est le français…Notre motivation principale était donc de refuser le statut de deuxième zone, ainsi qu’une notion propagée par les anglo-américains (et adoptée par les cadiens eux même). Cette dernière faisait croire que la langue française était synonyme d’ignorance et de pauvreté. Notre but premier était donc de rejeter cette notion d’infériorité, que l’on peut considérer comme l’étincelle qui a mis « le feu à la paille ».
Depuis la création d’Action Cadienne, nous luttons (avec plus ou moins de succès) pour maintenir la présence de la langue française, car nous sommes confrontés à des problèmes d’immersion. Cette évolution est très intéressante car nous sommes en train de créer une nouvelle identité qui est franco-louisianaise et qui n’est basée sur aucun sentiment ethnique.

Il y a, en effet, deux communautés ethniques francophones en Louisiane, à savoir les créoles noirs et les cajuns. La raison pour laquelle nous n’avions pas la possibilité de nous défendre face à cette notion d’ignorance est que nous étions illettrés. Tout ce qui se passait dans l’institution de la société politique, économique et sociale était anglo-américain. Pour se valoriser, faire son chemin et améliorer sa condition il fallait parler anglais…donc le français était dénigré par les cajuns eux-mêmes. C’est resté une espèce de langue de fête et de ghetto. C’est à partir du moment où on a commencé à écrire le français que tout a changé. La notion de deuxième zone a été rejetée car, à partir de ce moment-là, on a eu la capacité de nous manifester par le biais de la littérature. Tout a changé, lorsque les cadiens ont été capables de lire et d’écrire le français. Il y a toujours des problèmes d’immersion au sein des 28 paroisses de l’Acadiana, qui est le sud-ouest de la Louisiane. Cela dépend de l’engagement des parents et des membres des conseils scolaires qui ont souvent une vision assez limitée de la chose. Leur souci est plus budgétaire que pédagogique ou éducatif. On se bat face à cela…

D’un autre côté, il faut dire qu’une forte appréciation positive de la langue française est de plus en plus ancrée dans la société (y compris chez les anglo-américains). Nous créons, actuellement, une nouvelle génération de jeunes francophones (qui n’ont pas un héritage créole noir ou cajun) qui sont aussi bien issus de familles hispaniques, asiatiques qu’américaines. Ce n’est plus la question ethnique qui définit la francophonie en Louisiane, c’est la langue française en elle-même. Ceci est une évolution très positive !

Les problèmes d’immersion existent depuis 1968. Les étudiants qui ont fait leurs études dans les deux langues sont devenus parfaitement bilingues. Ils ont, à leur tour, des enfants et commencent à les élever dans des foyers où les deux langues sont parlées. Cela change toute la donne carà l’époque de mes grands-parents, qui étaient monolingue francophones, le français était banni et mis en marge de la société. On ne l’employait qu’en cachette ou lors de fêtes. Aujourd’hui, même les américains comprennent la valeur de la langue française et du bilinguisme pour l’éducation, l’économie, la société et la culture. De plus en plus, la vision de la question linguistique est politique. C’est quelque chose de nouveau car avant, nous n’osions pas. Nous sommes des acadiens et nous voulons nous entendre avec tout le monde, car nous avons passé trop de temps à nous « cacher dans le bois » par peur de nous faire scalper par les anglais. Maintenant, nous savons que notre culture vaut quelque chose et cette confiance nous permet de l’exercer ouvertement…avec énormément d’éclat. C’est nouveau et Action Cadienne y contribue à sa façon pour essayer d’entretenir cette mouvance. En termes de francophonie, la période que nous vivons actuellement est très intéressante.

Vous citiez Clifton Chenier, qui est l’une de vos grandes influences. Ce dernier utilisait souvent la langue française au sein de ses chansons. Cependant son fils, CJ Chenier, qui a repris le flambeau s’exprime intégralement en anglais. Que pourriez-vous lui dire, à lui ainsi qu’à ses homologues qui ne s’expriment plus en français alors qu’ils ont des origines créoles ?
Je n’ai rien à leur dire car ils vont finir par comprendre par eux-mêmes…ou pas. Je ne suis pas là pour prêcher. L’intérêt du français est d’être un ajout. Il ne faut pas que ce soit une obligation, on ne peut pas l’imposer. Il faut que les jeunes s’intéressent à cette langue par passion…c’est d’ailleurs ce qui se passe. Une langue n’est pas, uniquement, une façon de communiquer. C’est aussi une manière de voir les choses. Les jeunes francophones sont conscients de cet héritage français, qui est basé sur une vision du monde qui est beaucoup plus ouverte et beaucoup plus tolérante. Elle fait que cette conception humaniste de Léopold Sédar Senghor, qui imaginait une francophonie qui se tisse autour de la terre, soit un contrepoidsde la culture américaine qui est la culture de la consommation et du « bling-bing ». Une alternative est donc proposée aux jeunes. Il s’agit de cette langue française qui représente une autre façon de vivre, d’être et de voir le monde. Cette dernière n’est pas attachée à la consommation ou à un compte en banque mais à des vraies valeurs. La francophonie, en Louisiane, propose une façon de se définir et de s’identifier qui offre une authenticité attrayante pour les jeunes. Ce n’est pas une contre-culture mais une culture complémentaire qui peut permettre au bilinguisme de se répandre de manière positive en Louisiane.

Dès la sortie de votre album « Bayou Des Mystères » en 1976, la France vous a réservé un accueil très chaleureux. Comment considérez-vous votre relation avec ce pays, qui est celui de vos ancêtres ?
C’est très compliqué… J’avais une certaine réticence par rapport à la France, car il y a énormément d’ignorance par rapport à ce qui se passe dans les communautés francophones en Amérique du Nord. Ces dernières sont, pourtant, très importantes car nous sommes 33 millions de francophones dans ce continent (ce qui représente la moitié de la population française), ça fait du monde !66
Nous sommes, bien sûr, présents au Canada mais aussi en Californie, à New-York, dans le Maine, en Louisiane etc. Tout ce passé est ignoré par la France et je trouve cela dommage pour vous les français, car c’est une partie de votre histoire qui est à apprendre et à découvrir. Ce serait, pourtant, enrichissant car le parcours des acadiens est un exemple de ténacité, de courage et d’espoir. C’est quelque chose de très inspirant dans notre époque actuelle durant laquelle les questions d’immigration, d’accueil et d’ouverture sont vraiment d’actualité. L’histoire des acadiens remonte à 250 ans mais il se passe, hélas, des choses très semblables aujourd’hui.

Les premières fois que je suis venu dans en France, j’ai été choqué par cette ignorance de l’histoire louisianaise ou de celle du Québec. Au bout de nombreuses années, j’ai fini par comprendre que ce n’était pas aux français de comprendre une histoire qu’ils ignoraient mais à moi de la raconter. On instruit nulle part ce passé dans les cours. Sans doute parce qu’il s’agit d’une défaite qui s’est déroulée sous un ancien régime et que cela a été banni. Quand on parle de colonies, on pense d’abord à l’Algérie ou au Vietnam alors qu’il y a beaucoup à apprendre de Samuel de Champlain (navigateur, cartographe, soldat, explorateur, géographe, commandant et chroniqueur français, fondateur de Québec, nda) et de ses héritiers qui ont laissé des traces remarquables en Amérique. Lorsque les français ont la possibilité de découvrir cela, ça les intéresse. J’en ai donc déduit que c’est à moi de faire l’effort et de venir vers vous. Donc, plutôt que de bouder, je suis venu en France avec énormément de plaisir. Celui de vous faire partager cette histoire qui est, également, la vôtre. Ma vision des choses a donc changé et je ne ressens pas d’amertume. Je dis cela car, au début, je ne comprenais pas pourquoi on ne se mettait pas à genoux pour me proclamer sauveteur du français en Amérique du Nord. Je voyais que tout le monde s’en foutait… C’est pour cela que j’estime que c’est à moi de vous faire découvrir mon univers, mon peuple et ma communauté…

Nous allons faire un bond en avant dans le temps car je tiens absolument à évoquer votre album « Le Fou », sorti en 2012. Je le considère, en effet, comme l’un des plus beaux et touchants de ce début de XXIème siècle. Vous semblez y livrer un nouveau combat face à l’irresponsabilité de l’homme. Quel est le but de ce disque ?
Le but de ce disque est de partager mon humanité. Je n’ai jamais et je ne vais jamais utiliser la chanson afin de faire de la propagande. Je suis très engagé dans la lutte en faveur de l’environnement naturel et pour la propagation de la langue française en Amérique du Nord, car ce sont des causes qui me sont chères. En même temps, je refuse de mettre la chanson au service de la propagande et ce quelle que soit la cause. Je reste, cependant, un être humain possédant une tête, un cœur et la chanson est sacrée pour moi…c’est spirituel. Je ne sais pas d’où cela vient mais je suis, systématiquement, transporté dans un univers lorsque je compose. Je cherche à exprimer de manière, je l’espère, élégante une vérité qui est la mienne mais que je partage avec tous.

Lorsque je chante pour le Fou de Bassan, qui a été le premier oiseau sorti d’une couche de pétrole lors de la marée noire de 2010, tout le monde peut me comprendre. Les thèmes de mes chansons sont multiples et expriment toujours une émotion. En quelque sorte, c’est une soupape par laquelle je tiens à évacuer une émotion. Je suis un auteur-compositeur très indiscipliné car je ne suis pas capable de me dire « aujourd’hui je vais m’assoir devant le piano et écrire une chanson sur le combat des alsaciens pour maintenir leur culture ». Je suis admiratif de ceux qui y arrivent mais, en ce qui me concerne, cela ne se passe pas comme cela. J’aime l’image de ce que l’on appelle en vaudou le « loa ». Le « loa » est l’esprit et on se fait monter par le « loa » comme on monte sur un cheval. Parfois, ce fameux « loa » est à l’affût et il me monte dessus lorsque je passe devant lui.

Les artistes sont les antennes de la société et mes antennes sont toujours sorties. J’entends de la musique partout et je suis toujours prêt à « capter » quelque chose. Cette chose vient me chercher car je ne suis pas capable de la convoquer. Si je savais le faire, ce serait trop facile…
Cependant, je sens que quelque chose me touche et m’anime. Le soir, lorsque je prends ma guitare afin de gratter quelques accords, dans une improvisation sauvage va surgir un point d’attache, un premier crampon qui va me permettre de monter sur la falaise. Je suis touché par de nombreuses choses et j’écris également des chansons qui parlent d’amour ou de cœurs cassés…ce qui demeure le thème le plus universel qui soit. Je commets même des chansons plus loufoques qui parlent de bouffe car je demeure, avant tout, un cadien qui aime s’amuser. Enfin, je sais être sérieux en abordant des thèmes plus engagés. Au final, rien de tout cela n’est voulu ou prémédité. Je saisi ma guitare, je joue et il se passe des choses. C’est normal car ce que je vis se trouve dans ce que je véhicule. Il n’y a aucune stratégie, il se passe simplement des choses. Je suis heureux de me sentir comme l’outil d’une vérité universelle qui se transmet à travers moi.

Vous êtes un artiste aussi complet que combatif. Existe-t-il, cependant, un combat que vous n’avez pas encore livré et que vous souhaiteriez dévoiler au grand jour ?
(rires) J’aimerais que tout le monde se mette à danser partout ! Si on dansait, il y aurait moins de guerres… Nous vivons dans un « drôle » de monde. Pour moi qui réside aux Etats-Unis, il est assez inquiétant de voir l’arrivée d’un bonhomme tel que Donald Trump…qui est une espèce de somptueux imbécile. Il anime, selon moi, des passions qui sont réellement dangereuses. On dit « soit gentil avec celles et ceux qui te sont proches », c’est la base et je m’y rattache. Il faut aimer sa famille et ses amis…

En Louisiane, nous traversons une nouvelle épreuve. On m’a téléphoné samedi matin pour me dire qu’il y a plus d’un mètre d’eau dans ma maison. Heureusement, j’ai des amis qui sont déjà au boulot et qui sont en train de la nettoyer. J’ai donc la chance d’avoir de bons amis et c’est une chose que je tiens à souligner. Le monde traverse des épreuves, il y a de nombreuses inquiétudes et beaucoup d’intolérance qui surgit de toute part. Malgré cela, il y a des gens qui font des choses qui sont uniquement motivées par la générosité et par l’amour. Je pense qu’il faut toujours rester attaché à cela. Je ne sais pas si nous arriverons à combattre la noirceur avec la lumière, mais je sais que nous pouvons aller vers cette lumière. Ceci, quelles que soient les conditions et les intempéries qui nous tombent sur le dos. C’est, d’ailleurs, dans les intempéries que l’effort à du goût. Donc, faisons des choses positives !Si j’ai un mot à dire, c’est qu’il faut s’aimer le plus possible…et le plus rapidement possible !

Justement, le plus beau mot de la fin pourrait être le titre de l’album que vous avez écrit avec votre petit-fils « J’aime La vie »…
C’est aussi une belle histoire… Mon petit-fils, Emile, est handicapé neuromoteur. Il dit, lui-même, qu’il est juste un tout petit peu handicapé… Il nous accompagne en tournée depuis très longtemps.Un jour, alors qu’il avait 10 ans (il en a 16 actuellement), nous étions à Cap-Chat (Haute-Gaspésie) au Québec et il m’a dit « je veux faire un album ». J’ai été d’accord et je lui ai demandé, afin de débuter notre collaboration, s’il y a une chose qui l’inspirait. Il m’a simplement répondu « j’aime la vie et toutes les créatures ».

En l’espace de l’après-midi, nous avions terminé notre chanson. Puis, nous avons écrit un morceau par jour et, ce qui était un petit projet de divertissement pour mon petit-fils, est devenu un projet sérieux car je voyais que j’avais un véritable auteur-compositeur face à moi. Il avait beaucoup à dire… Chose qui est d’autant plus touchante que son handicap lui afflige un énorme défi. En même temps, il l’oblige à trouver une façon très efficace d’avancer dans cette vie. Il n’a pas de temps à consacrer à la manipulation et aux lueurs. C’est quelqu’un qui est là pour dire la vérité. Ce disque est aussi la vision d’un enfant de 10 ans par rapport à toutes sortes de choses qui se passent autour de lui. Je suis très fier de ce projet et nous travaillons, maintenant, sur son deuxième album. Ce dernier sera inspiré par les transports en commun (rires) ! En effet, il est complètement passionné par le métro… On s’amuse, c’est le plus important !

Souhaitez-vous ajouter une conclusion à cet entretien ?
Je vais simplement terminer avec les paroles d’Emile,j’aime la vie et toutes les créatures !

Remerciements : Claude Thomas, Adrien Guingand (Pbox Music), Bertrand Aubonnet (Pbox Music), Lionel Aknine.

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Interview réalisée
Festival Blues en Loire -
La Charité-sur-Loire
le 17 août 2016

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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