Ze Bluetones
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST


Vous avez remporté le premier " Prix Cognac Blues Passions " l'an dernier, que cela a-t-il changé pour vous ?
Christophe Becker (chanteur/guitariste) : La question serait plutôt de savoir ce que cela va changer pour nous dans l'avenir. En l'occurrence je ne peux pas encore en parler car je crois que le changement s'opérera ce soir, après notre passage sur la grande scène (ce prix permet en effet à un jeune groupe de se produire sur la grande scène aux côtés de vedettes internationales, l'année suivant son obtention, Nda).

Cela fait un an que nous sommes au taquet et maintenant l'heure H, pour nous, c'est ce soir. A partir de demain nous saurons si cela a changé quelque chose.
C'est une marche à gravir et nous allons faire notre possible pour le faire de la plus belle façon. Il est impossible de récolter les fruits de quelque chose en amont, il faut d'abord faire ses preuves, c'est ce que nous allons essayer de faire ce soir.

Sinon, tout au long de l'année, nous avons continué de faire des concerts à un rythme régulier, nous avons aussi sorti un album (l'excellent " Free Access to the Playground ", Nda).
Quoiqu'il en soit, j'espère que le concert de ce soir nous ouvrira des portes et nous permettra d'effectuer des tournées plus importantes. Beaucoup de gens ont critiqué le " Prix Cognac Blues Passions " car il n'y a pour celui-ci qu'un décideur (Michel Rolland le Directeur du Festival, Nda) mais au moins ce Prix à le mérite d'exister et l'année prochaine c'est un autre groupe qui aura les " chocottes " à notre place. Cela fait bouger les choses, les scandinaves et les belges l'ont compris, eux, depuis longtemps…

En France, il y a ce petit côté fâcheux qui tend à laminer un groupe sur le point de réussir plutôt que de le porter et ainsi d'en faire suivre tout un tas d'autres dans son sillage.
C'est un truc typiquement français qui n'existe pas chez nos amis belges, norvégiens et suédois.
Si aujourd'hui le Blues a une chance de se développer en France, c'est grâce aux groupes mais aussi grâce au public et aux relais médiatiques. Si ça ce passe bien pour nous cette année, cela permettra de continuer à faire vivre ce Prix les années suivantes et ainsi de faire découvrir une multitude de groupes au plus grand nombre.

C'est dans l'union que nous devons essayer de gérer le Blues français, si les Rosebud Blue Sauce avaient été choisis à notre place il y aurait aussi eu des gens pour dire " ouais, c'est pas mal, mais d'autres groupes auraient mérité de gagner ". Pour moi, c'est le fait qu'il y ait un représentant français ce soir sur la grande scène qui est important.

Avez-vous eu un soutien médiatique après l'obtention de ce prix ?
Christophe Becker : Et bien, combien d'interviews avons-nous données dans la presse écrite française cette année ?…
Que ce soit Blues Mag', Crossroads, Soul Bag, Blues & Co et d'autres, nous n'en avons donné aucune…

Le Blues étant une " niche " très particulière, il est normal que la presse généraliste ne se soit pas intéressée à nous non plus. Il est dommage que le groupe n'ai pas été mis plus en avant, ne serait-ce que par ce que cela aurait pu apporter à la scène française.

Depuis un peu plus d'un an, un membre du groupe " The Hoodoomen ", le guitariste Pascal Fouquet, vous a rejoint. Qu'est-ce que cela a apporté aux anciens membres de Ze Bluetones ?
Thomas Troussier (harmoniciste) : Pascal a changé beaucoup de choses dans le groupe. Nous avions une formule établie à 4 depuis des années et nous commencions à être confrontés à nos limites musicales. Cela a donc été un élément déclencheur qui a relancé la machine et qui nous a ouvert des portes, musicalement parlant.

Christophe, de ce fait, s'est beaucoup plus recadré vers le chant et a pu travailler davantage son jeu scénique. Il cherchait, de surcroît, depuis longtemps à avoir un soutien rythmique supplémentaire et ce n'est pas pour rien que l'on appelle Pascal "la gâchette de l'ouest" !

Il amène un plus et il a trouvé sa place au sein du groupe très naturellement. C'est quelqu'un de tellement humble que nous avons dû le " booster " pour qu'il accepte de prendre cette place. Avant son arrivée, Christophe et moi-même nous partagions tous les solos sans être de véritables virtuoses.

Depuis qu'il est là nous pouvons être plus sélectifs et, en répétition, nous choisissons ensemble les parties qui collent le mieux à chacun d'entre nous. En plus, humainement, Pascal est un cadeau du ciel donc nous avons tout gagné (rires).

Pascal Fouquet : Au début j'ai eu du mal à trouver ma place car le groupe tournait déjà à 4 et il n'était pas facile pour moi de m'adapter aux anciens morceaux qui étaient composés pour 4 musiciens. Par contre sur le nouvel album j'ai pu tout de suite trouver ma place.

Thomas Troussier : Oui, le nouveau répertoire a été conçu après l'arrivée de Pascal et, de ce fait, il était là dès l'origine des nouveaux titres sur lesquels une large place lui est offerte.

Guillaume Chevillard (batteur) : Avant, à 4, nous étions obligés d'avoir une énergie d'enfer et Christophe était perpétuellement sollicité, aujourd'hui nous pouvons nous permettre d'être plus posés.

Christophe Becker : Au départ on nous reprochait d'être trop " Rock'n'roll " dans nos gimmicks car nous étions " au four et au moulin ". L'arrivée de Pascal nous apporte un côté plus Blues. Nous sommes un groupe qui n'est pas facile à classer car nous ne sommes pas un groupe de Jump & Jive, ni un groupe de Swing façon années 1940-50, ni un groupe de Blues façon Chicago.

Nous sommes un groupe à part et un musicien comme Pascal nous manquait pour bien nous fondre au paysage du Blues français. Grâce à lui, nous avons à la fois l'énergie et le côté Blues…

Sur votre nouveau disque " Free Access to the Playground ", le dernier morceau (" Moi et Jennifer ", Nda) est en français. Est-ce un " clin d'œil " ou une nouvelle orientation pour le groupe ?
Christophe Becker : Il est hors de question de faire un jour un album de Blues en français. Il y a des gens qui savent écrire en français bien mieux que moi. Ce titre est plus tendance " New-Orleans " que purement Blues.

J'aime bien ce que fait Paul Personne mais pour moi c'est pas du Blues. Si on veut s'approcher du Blues on peut dire Benoît Blue Boy, mais personnellement je n'aime pas ce qu'il fait, ni sa musique, ni ses textes, ni ce qu'il veut faire passer. Luc Mulot, notre bassiste, lui l'adore. Bref, je ne me vois pas faire un album de Blues en français. Cependant, nous trouvons ce morceau sympathique et nous l'avons mis à la fin de l'album car c'était aussi une façon de faire réagir les gens.

J'adore écrire en français, plus qu'en anglais. Mon problème est que je ne sais pas chanter du Blues en français, je me sens mal dans mes pompes lorsque je le fais. Je pense à Pee Wee Crayton, à T Bone Walker et à tous les artistes que j'aime et je me dis que je ne peux vraiment pas le faire.
J'envie les gens qui savent le faire…

Tu as l'impression qu'en français ça ne peut pas vraiment être du Blues… ?
Christophe Becker : Oui c'est ça, c'est comme si des brésiliens chantaient du Blues en brésilien, pour moi ça ne colle pas. C'est bien que des gens - comme Benoît Blue Boy - se positionnent autrement, idem pour les groupes qui chantent en espagnol ou en italien mais moi, je ne sais pas le faire.
Je le répète ce n'est pas lié à l'écriture mais à mon interprétation.
D'ailleurs je suis sûr que Luc adorerait chanter en français un texte que j'aurais écrit.

Luc Mulot (bassiste) : Oui, j'imagine…(éclat de rire général).

PS : Les photos sont issues du site internet du groupe, merci aux auteurs

www.zebluetones.biz

 

 
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Interview réalisée au

Cognac Blues Passions le 27 Juillet 2006

Propos recueillis par David BAERST

 

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