L'association Blue Monday organisait le samedi 25 mars 2006 sa désormais traditionnelle nuit de la Country Music et du Rock'n'Roll à St Denis le Bourg.

Cette petite ville de l'Ain devenant pour l'occasion la Mecque française de ce genre qui, s'il reste traditionnel, sait se renouveler grâce aux performances de jeunes groupes provenant parfois des endroits les plus reculés de la planète.

La programmation de ce Festival, qui se déroule sur une seule soirée et nuit, laissait présager de grands moments qui ont été à la hauteur de nos espérances....

Le plus difficile pour moi fût, dans un premier temps, de pénétrer dans l'enceinte même de la manifestation afin d'y réaliser quelques interviews.
Les organisateurs, visiblement surpassés par les évènements, négligeant le reporter que je suis (en fait j'ai même eu l'impression d'être considéré comme un intrus) et même certains de leurs amis venus leur donner un coup de main et pourtant "oubliés" à l'extérieur de la salle, sympa!

Usant d'un stratagème je parvins, non sans mal, à me glisser dans l'arène afin d'y accomplir ma modeste tâche auprès des artistes présents.
Heureusement pour moi, je croisais immédiatement le sympathique regard (pourtant caché par une paire de lunettes noires) de Jacky Chalard, ambassadeur charismatique du Rock'n'Roll en France et fondateur du mythique label "Big Beat Records" (voir interview sur le même site) avec lequel je commençais de façon idéale cette soirée.

Par contre, s'il était très facile de rencontrer les artistes présents il m'était impossible de trouver un endroit calme afin de les questionner (alors qu'ils étaient demandeurs) puisque les organisateurs (encore eux) avaient jugé inutile de me transmettre un laisser-passer donnant accès aux loges, réservant probablement ces "précieux sésames" à la presse locale, à "Poulet de Bresse Magazine", à des potes ou à je ne sais qui d'autre, qui ne durent cependant pas en faire grand usage...

Peut être à cause de ma banane (j'entends par là ma coupe de cheveux), loin d'atteindre une longueur respectable, qui n'était pas digne d'être prise en compte par le jovial couple organisant la fête, probablement trop occupé à haranguer les spectateurs afin que ceux-ci fassent davantage tourner le bar.

Pour en revenir à la programmation, rien à dire sinon que tous les artistes méritaient leur place. Les sets défilant à toute allure et nous offrants de purs moments de bonheur (entrecoupés par l'intrusion d'une grosse dame déguisée en poulet et armée d'une pancarte indiquant le numéro du "round" façon rencontre de boxe, gimmick amusant au départ mais vite lassant) .

A commencer par le groupe russe "The Spootnicks" sonnant parfois très Western Swing et tellement imprégné par sa musique que l'on aurait pu croire qu'il était originaire du Tennessee.

A ce combo succédèrent (dans le désordre probablement, ma mémoire me jouant des tours) "The Barnstompers" (Hollande), "The Bop Pills" (Espagne), "The Reno Brothers" (Hollande).
Le tout ponctué par les apparitions surprises de deux grands musiciens qui se sont rarement produits en France, les guitaristes Sean Mencher (aussi bien influencé par Chet Atkins que par Marcel Dadi à qui il a rendu un vibrant hommage) et Chris Caselo (grand spécialiste de la six cordes, de la lap et de la pedal steel guitar doublé d'un grand sens de la scène).

Les deux vedettes de ce "Good Rockin' Tonight", à savoir Johnny Powers et Sonny Burgess (ce dernier remplaçant au pied levé Billy Lee Riley souffrant) écrasèrent pourtant de leur charisme tous leurs prédécesseurs sur scènes. Ils nous offrirent des shows carrés remarquablement bien accompagnés (Sonny Burgess s'étant même déplacé avec deux membres de son premier groupe "The Pacers" qui étaient déjà avec lui dans les années 1956-57, c'est à dire Kern Kennedy au piano et Bobby Crafford à la batterie) par divers membres des groupes dont je vous parlais plus haut.

Ces deux légendes nées artistiquement dans les Studios SUN de Memphis dégageant une impressionnante énergie et nous offrant une jam mémorable qui restera gravée à tout jamais.

Un grand moment de Rock'n'Roll comme il sera, le temps aidant, malheureusement de plus en plus difficile d'en voir....
A noter aussi l'excellente initiative destinée à rendre hommage au grand Sonny Fischer à travers une petite expo photo et un émouvant témoignage de son ami et ex-accompagnateur Jacky Chalard.

En conclusion, vous l'aurez compris, je tire mon chapeau à Blue Monday pour l'affiche élaborée mais regrette que son couple créateur s'attache davantage à passer pour des vedettes (genre" je fais le gars discret sur le côté de la scène mais fais tout pour être vu" ou encore "pour passer le temps je profite du micro pour dire n'importe quoi") et soit dédaigneux envers des personnes venues de loin dans le but de faire leur promotion. A ce titre je ne me rendrai probablement plus jamais à "Good Rockin' Tonight"...

David BAERST.

PS :De nombreuses photos de la manifestation sont visibles dans notre galerie, cliquez ici.