Awek
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

 

Nda : Ayant déjà réalisé un entretien avec le groupe Awek il y a peu de temps (voir sa transcription ICI), je n’avais prévu que de poser une ou deux questions au combo toulousain. Ceci afin de promouvoir la sortie de leur nouvel (et excellent) album « Rich and Famous » sur les ondes. awek
Bien que fatigué, après un concert très dense et triomphal (une salle pleine à craquer et une standing ovation réunissant près de 700 spectateurs on ne peut plus enthousiastes), le chanteur-guitariste Bernard Sellam a eu la gentillesse de me consacrer plus de temps qu‘initialement escompté. Les réponses du chanteur-guitariste me semblant très intéressantes, je me suis finalement décidé à les transcrire ici.

Bernard, Awek revient avec un huitième album intitulé « Rich and Famous ». Peux-tu me le présenter ?
C’est un album qui a été enregistré en Californie et qui a été produit par le chanteur-harmoniciste américain Mark Hummel, que nous aimons beaucoup dans le groupe. Il nous a suivit sur ce projet qui a été réalisé à San Jose, dans un studio nommé Greaseland qui appartient au guitariste Kid Andersen.
Nous avons la chance de recevoir des invités de marque sur ce disque, comme le pianiste Bob Welsh et le guitariste Little Charlie Baty (mais également, comme il se doit, Mark Hummel et Kid Andersen, nda).

Cet enregistrement a-t-il, également, été une opportunité pour vous afin de consolider votre excellente réputation auprès de la scène blues américaine ? Avez-vous rencontré beaucoup d’autres musiciens durant les sessions, avez-vous participé à des jams ?
Oui, nous avons (entre autres) croisé la guitariste Laura Chavez qui accompagne, habituellement, Candye Kane. Elle est venue nous voir car elle nous connaissait de réputation…
En fait, nous avons profité de ces enregistrements afin de jouer tous les soirs. Nous sortions du studio pour aller à un concert. De plus, Olivier et moi-même avons eu l’opportunité d’accompagner Mark Hummel lors d’un de ses gigs.
En résumé, nous avons effectivement rencontré plein de gens formidables et que nous aimons beaucoup. Savoir qu’ils se sont déplacés pour venir nous voir est une chose qui fait vraiment plaisir.

En ce qui concerne l’élaboration du disque. Les morceaux étaient-ils déjà complètement prêts avant votre départ pour les USA ou les avez-vous finalisés, dans l’urgence, une fois sur place ?
Les morceaux étaient prêts depuis longtemps. Nous les avons travaillés dans un petit studio de répétitions en France. Nous les avons aussi joués sur scène auparavant…
C’est bien d’avoir d’excellents producteurs et des invités, mais la meilleure façon de tester une chanson reste de l’interpréter devant un public. Quand tu fais un morceau, que tu le joues en face de gens et qu’ils l’apprécient… tu sais que c’est bon !
Tu peux alors passer à l’étape suivante, c’est-à-dire l’enregistrement, les yeux fermés !
Pour ce disque, réalisé en novembre 2011, nous avons gravé des chansons testées sur scène (au milieu de notre répertoire habituel) pendant presque tout l’été de la même année…

Tu me précisais, dans une récente interview, que le groupe aime naviguer entre les différents styles de blues. Sur ce disque on retrouve, par exemple, un morceau dont l’atmosphère fait penser aux bayous de Louisiane et au swamp blues. Est-ce un univers nouveau en ce qui vous concerne ?
C’est une chose vers laquelle nous revenons. Aujourd’hui nous avons tous la chance, grâce à un support tel qu’internet et bien sûr aux disques, d’être familiarisés à de nombreux styles de blues.
De ce fait nous essayons de varier nos ambiances sonores (il y a davantage de morceaux binaires qu’auparavant) même si notre dominante demeure la musique west coast.
Nous sommes dans la lignée de ce que font des artistes tels que Mark Hummel, James Harman, Kim Wilson etc…
Bien sûr, ces derniers ne constituent pas nos seules références puisque nous demeurons des grands admirateurs d’Howlin’ Wolf, BB King, Muddy Waters et de nombreux autres musiciens moins connus.awek
De plus, nous ne nous posons pas toujours la question de savoir ce que nous faisons. Nous jouons ce que nous avons envie de jouer. Lorsque l’un de nous présente un morceau aux différents membres du groupe, nous l’interprétons (si nous sommes tous d’accord)… quelque soit son style !
Pour ce disque, Mark Hummel a aussi mené un vrai travail en ce qui concerne les directions musicales empruntées et les climats qu‘il souhaitait y présenter. Il a décidé de la durée des titres, des instruments à employer (si besoin d’un orgue ou d’une deuxième guitare par exemple). Il s’y est aussi impliqué en tant qu’artiste en participant à deux morceaux comme qu’harmoniciste (dont un sur lequel il chante également). Nous avons enregistré dans une configuration live, en jouant tous ensemble. Il n’y a que très peu de re-recordings. Nous avons, bien sûr, gardé les meilleures prises, tout s’est fait naturellement…

Sur combien de jours l’enregistrement s’est-il étalé ?
Nous avons enregistré sur 3 jours… plus un quatrième consacré à quelques « extras », comme les chœurs effectués par Lisa Andersen (épouse de Kid, nda). J’ai, également, refais quelques voix car je tenais à ce que mon accent soit irréprochable. Je ne voulais faire aucune erreur de prononciation !
D’ailleurs j’ai pris des cours d’anglais sur place. Ceux-ci m’ont été prodigués par… Kid Andersen qui est norvégien, c’est un comble (rires) !

Lors de notre précédente rencontre, nous évoquions aussi notre vif intérêt commun pour les productions de l’excellent label californien Delta Groove. Ce disque ne serait-il pas, enfin, une bonne opportunité afin de démarcher ce type de maisons de disques ?
Pourquoi pas…
Le problème est que nous tournons presque exclusivement en Europe. Quand on voit les difficultés que nous rencontrons ici, on peut se dire que nous aurons encore plus de mal aux Etats-Unis.
Aux USA, nous n’avons fait que des petits gigs, en dehors de quelques festivals auxquels nous avons participé grâce au soutien d’associations françaises.
A moins de s’installer là-bas et d’y consacrer tout son temps, il me semble peu probable de pouvoir faire une véritable carrière sur le continent américain. D’ici c’est, en effet, assez compliqué…

Quels sont les thèmes que vous abordez sur « « Rich and Famous » ?
Il y a un petit peu de tout…
Il y a des chansons d’amour et des titres plus humoristiques comme « My boss », qui évoque un patron qui n’est pas très sympa… Il faut dire que, dans la période actuelle, nous n’allions pas parler d’un patron sympa (rires) !
Ce titre est, bien sûr, une référence à la crise et à certaines personnes qui en tirent des profits et se font un maximum de blé. Comme nous ne nous prenons pas trop au sérieux, nous l’avons fait sur une note humoristique… en taquinant les parachutes dorés etc…
Ceci dit, il n’y a rien de foncièrement politique dans notre disque…awek

Un rapport à l’argent qui se ressent aussi au niveau de la (superbe) pochette… Sur le recto on vous voit « affalés » sur des fauteuils, au milieu d’un salon bourgeois, alors que le verso évoque un couloir d’hôtel au milieu duquel virevoltent des billets de banque…
Il y a plusieurs messages…
L’album se nomme « Rich and Famous » (riches et célèbres) car c’est une situation difficilement réalisable lorsque l’on fait du blues (rires). Ne nous prenant pas au sérieux, c’est donc du second degré…
Puis il y a des gens qui nous ont « taquinés » en nous disant que c’était toujours nous qui étions choisis pour participer à certains concours (International Blues Challenge, European Blues Challenge…). Nous avons pris l’habitude de leur répondre « oui mais c’est normal car nous, nous sommes riches et célèbres » !
Enfin, c’est une référence aux disque de Little Charlie & The Nightcats dont les pochettes étaient toujours un peu dans cet esprit…
Pour info, les images sont tirées de l’hôtel où nous logions en Californie. Je tiens, cependant, à préciser que ces photos ont été retouchées puisque cet établissement n’était pas aussi luxueux que ce que le packaging laisserait paraitre (rires) !

Maintenant que l’album est sorti. Quels sont les objectifs que vous vous êtes fixés avec lui et quels sont vos projets ?
Devenir riches et célèbres (rires) !
Nous avons une première bonne opportunité pour défendre cet album, puisque nous allons participer au prochain festival Jazz à Vienne. Nous ouvrirons la soirée pour Keb Mo’ et Magic Slim !
Nous voulons, surtout, continuer… nous avons continuellement des projets. Si tu regardes notre calendrier, tu verras que nous sommes toujours sur la route. Nous ne nous arrêtons jamais plus de trois semaines…
Dans ce métier, on a pas le droit de s’arrêter. Malheureusement, il n’y a rien de plus infidèle qu’un public…
C’est grâce à lui que nous vivons donc il faut ne pas oublier de lui rendre visite régulièrement !
Avec ce disque nous espérons, bien sûr, toucher encore davantage de personnes car s’il faut savoir se renouveler en tant qu’artiste, il est aussi essentiel de toujours toucher un nouveau public. awek
Notre but est évidemment d’élargir notre audience. Ce n’est pas pour devenir« riches et célèbres », mais simplement pour pouvoir continuer à faire ce que nous avons à faire. Dans le monde entier, la situation est très difficile pour les artistes… Donc nous devons travailler et nous donner davantage.
Si ce disque n’a pas été réalisé dans le but d’être plus commercial ou plus « grand public » que les précédents, il est impératif qu’il nous permette de toucher un maximum de monde.
Nous sommes sincères, chaque morceau a été inspiré… Nous ne nous sommes pas dit « on va faire tel style de blues car c’est celui qui marche le mieux » !
C’est une chose que nous ne ferons jamais au sein d’Awek !

Vous tournez énormément. Trouver autant de concerts doit demander une débauche d’énergie très conséquente. Commencez-vous, cependant, à pouvoir vous reposer sur votre réputation et à voir les dates « tomber toutes seules » ?
Oui, bien sûr, il y a des gens qui nous contactent car ils nous ont vus quelque part, qu’ils ont entendu parler de nous, qu’ils ont aimé nos disques ou qu’ils ont vu nos vidéos … mais la plupart du temps, c’est nous qui allons vers les gens (rires) !
Il y a, malheureusement, actuellement davantage d’offres chez les artistes que chez les promoteurs.
Ne serait-ce que dans le blues, il y a énormément de bons groupes en France. Parmi eux j’en apprécie énormément d’ailleurs… De plus ce sont souvent des copains, donc c’est bien (rires) !
Il y a vraiment des gens supers en France et… dans le monde entier d’ailleurs !

As-tu une conclusion à ajouter à cet entretien ?
J’espère revenir en Alsace car j’estime que c’est une région que nous n’avons pas assez « exploitée ». Nous aimerions, sincèrement, pouvoir nous produire plus souvent ici. Il y a un vrai public et on sent qu’il y a quelque chose de fort qui se passe entre lui et le groupe.
A titre personnel, je tiens vraiment remercier les alsaciens car chaque fois que nous jouons ici, ça se passe très bien.
Il y a un vrai contact et on se retrouve face à des gens qui possèdent une véritable sensibilité pour la musique et qui apprécient vraiment ce que nous faisons. Pour tout cela je n’ai qu’une chose à ajouter, merci à vous tous…

Nda : Le groupe Awek c’est Bernard Sellam à la guitare et au chant mais c’est aussi les très talentueux : Stéphane Bertolino (harmonica), Joël Ferron (basse) et Olivier Trebel (batterie).

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Interview réalisée au
Munster Jazz Festival
le 17 mai 2012

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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