Êtes-vous toujours impliqué dans
votre programme " Blues in the School? " ?
Cela va faire 30 ans que je m'occupe de ce programme qui permet à
des jeunes enfants (cela va, en fait de l'école maternelle à
l'Université, Nda) d'apprendre les origines du Blues et de
découvrir cette musique.
Ce n'est pas uniquement réservé aux enfants noirs. D'ailleurs,
sur le même principe, je me suis produit dans des écoles
en Belgique et au Japon.
Encore aujourd'hui des gosses, que j'ai eu en classe il y a 30 ans, viennent
dans les Clubs afin de s'imprégner de ce qu'ils ont appris 30 ans
plus tôt.
Comment ressentez-vous l'engouement des jeunes
de Chicago envers le Blues ?
J'ai pas mal de jeunes dans mon public
Par contre, ce qui est dommage, cela fait environ 25-30 ans qu'il y a
de moins en moins de noirs qui viennent écouter du Blues. Il y
a un seul Club dans le sud de Chicago qui est fréquenté
par des noirs
Ce qu'il y a de bien avec le Blues c'est qu'il s'agit d'une musique qui
réunit les gens. Par contre il faudrait que davantage de noirs
viennent car ils doivent se souvenir que c'est leur musique. C'est de
là qu'ils viennent culturellement
Ils considèrent peut être le Blues comme une musique de vieux
Cependant je pense qu'il y a un autre phénomène qui date
aussi d'une trentaine d'années; on n'entend plus de Blues à
la radio
Les gens ne peuvent pas acheter des disques d'une musique qu'ils ne connaissent
pas
C'est, peut être, la principale raison!
Comment se portent les ventes de Cd aux USA ?
Les compagnies de disques aux USA disent que le Blues ne se vend pas.
Pourtant nous sommes là et nous tournons dans le monde entier pour
des milliers et milliers de gens.
Après ils nous disent qu'il n'y a pas de marché pour le
Blues
il est évident qu'ils mentent!
J'ai connu, par exemple, cette mésaventure après mes 3 albums
enregistrés pour le label Verve chez Polygram.
Quel est votre meilleur souvenir de concert ?
D'abord je voudrais préciser qu'ici, en Europe, nous sommes considérés
différemment qu'aux USA.
D'ailleurs nos fans noirs américains croient que le Blues est énorme
en Europe.
Je leur réponds que ce n'est pas si énorme que ça
mais que cette musique s'y porte bien mieux qu'aux Etats-Unis. Parfois
aux USA, quand on joue dans un Club, certains spectateurs pensent avoir
vu Muddy Waters
Ici, au moins, les fans sont plus connaisseurs.
De plus il y a peu de chance, pour nous, de jouer sur d'aussi grandes
scènes aux USA
En principe ces scènes y sont réservées à
BB King ou Robert Cray
Sinon un de mes meilleurs souvenirs remonte à 1977 lors d'un concert
à Berlin. Il y avait toute la jeune génération, d'alors,
des bluesmen noirs américains. J'y étais avec la première
formule de mon groupe " The Sons of Blues " dont j'étais
le seul membre à ne pas être le fils d'un bluesman connu.
Il y avait une vraie relève avec Lurrie Bell, Freddie Dixon etc
Cette année au Festival de Blues de Chicago, nous avons fêté
les 30 ans de cet évènement.
Cette réunion des membres, toujours en activité, du groupe
reste mon plus beau souvenir
Les gens aux USA se rendent-ils compte de l'importance
historique du Blues ?
Non seulement il n'y a aucune conscience du côté historique
mais le plus tragique et que les noirs ne veulent plus entendre parler
de cette musique. Ils s'en foutent complètement
Le seul Blues qui est encore écouté par les noirs, aujourd'hui
aux USA, est le Soul Blues avec des artistes tels que Bobby Rush etc
Par contre pas la peine de leur parler de Muddy Waters, Howlin' Wolf,
Sonny Boy Williamson, Little Walter etc
Est-ce que, comme Magic Slim (voir son interview
ICI), vous évitez de parler politique ?
Pas du tout, d'ailleurs je me mets toujours dans le pétrin à
cause de cela (rires).
J'ai même un diplôme de science politique
Je continue à me battre, j'y suis, j'y reste (rires)!!!
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