Don Cavalli
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST



Pour commencer, peux-tu me parler de ton apprentissage musical et de la façon dont l'amour du Blues t'est venu ?
J'ai commencé la musique vers 15-16 ans. Il y avait, à la maison, une guitare qui m'intriguait, j'ai donc commencé à gratter dessus.

Je me suis formé tout seul en autodidacte car j'avais envie de chanter et pour cela je m'accompagnais à la guitare. Je me suis procuré un bouquin d'accords et cela est venu petit à petit…

Puisqu'il y avait une guitare à la maison, ton environnement familial était-il constitué d'amateurs de musique ?
Non, les membres de ma famille n'étaient pas du tout branchés musique, il y avait une guitare comme ça…
Il y avait aussi un disque de Ray Charles qui m'a donné l'envie de faire de la musique. Je m'y suis mis très doucement en essayant de reprendre certains titres de cet artiste.

Tu parles de Ray Charles mais quelles étaient tes autres influences à cette époque ?
C'était la musique noire et ça l'est toujours!
Je peux te citer, outre Ray Charles, Little Richard qui m'a aussi fait dire qu'il fallait que je me lance dans la musique.

As-tu pu intégrer des groupes rapidement ou as-tu commencé à te produire tout seul ?
J'ai commencé à me produire vers 18-20 ans en formant des petits groupes dans ma banlieue. Nous répétions uniquement, sans faire de concerts.

C'est difficile de trouver des gens qui soient motivés sur la longueur. J'avais toujours des copains qui arrêtaient pour revenir puis requitter le groupe…
Je suis le seul du lot à avoir eu la volonté de continuer.

Quelles ont été tes premières connections dans la musique et quand as-tu commencé à jouer professionnellement ?
C'est le gars du label Lenox Records, qui m'avait entendu jouer en public, qui a été branché par mon style. Il m'a proposé de faire un disque…
Cela a pris du temps car j'avais d'autres activités et que je voulais être vraiment prêt avant de rentrer en studio. C'est lorsqu'il ma relancé que je me suis décidé à aller enregistrer en Suède.

Ce label était aussi celui des Bo Weavil, est-ce à ce moment-là que tu as rencontré ce groupe ?
A peu près, bien que le chanteur, Matthieu (voir interview ICI, nda), je l'ai connu plus tard.
Quant au bassiste, Vincent Talpaert, qui a produit mon nouveau disque j'ai du le rencontrer en 1997.
Il était aussi dans la musique et avait plusieurs formations…

Ton style est assez minimaliste et très roots, pourtant tu arrives à lui donner une couleur très contemporaine. Quel est ton secret pour faire sonner de la sorte une musique qui a des origines aussi lointaines ?
Je n'arrive pas à sonner autrement que roots!
J'ai beau essayer de sonner pop, je n'y arrive pas…
Par contre je n'écoute pas que du Blues et d'autres musiques anciennes. Je me nourris aussi de musiques actuelles et je suis ouvert à ce que j'entends autour de moi. Cela m'inspire aussi…
Je n'écoute pas que le Son House des années 1935-1940, tu vois (rires)!
J'aime aussi le Rap et plein d'autres choses. Il faut évoluer car tu ne peux pas refaire le même disque à chaque fois.

Tu cultives un côté assez mystérieux, on sait peu de choses sur toi. Est-ce volontaire, afin de te démarquer, ou est-ce lié à un trait de caractère et à une grande timidité ?
C'est un peu des deux…
Pendant longtemps je n'avais pas envie de me produire et faire des concerts juste pour faire des concerts afin de devenir intermittent du spectacle. Ce n'est pas mon truc, j'ai juste envie de créer et de m'éclater en faisant de la musique.
Jouer pour jouer, non !

Depuis tes premiers enregistrements on t'a qualifié d'artiste " hors format ", est-ce une appellation qui te convient ou y-a-t'il une définition qui te corresponde mieux en tant qu'artiste ?
Je trouve que " hors format " est une superbe critique, ça me va, tant mieux!
Ce que je fais n'est pas calculé, d'ailleurs quand tu fais de la musique il ne faut pas que cela le soit.

Comment qualifierais-tu ton style, alors ?
Les gens me parlent souvent de Blues et je reconnais que l'on peut distinctement entendre cette influence très roots.
Mon style est du Don Cavalli et il vient du cœur tout en étant un peu mystique. J'aime bien le côté spirituel qui nous fait dire que la vérité sortira le jour du jugement dernier.

Justement, au niveau des textes, de qui t'inspires-tu ?
Je m'inspire de la vie de tous les jours avec toujours ses côtés spirituels et mystiques.
Cependant je ne me considère pas comme porteur de messages même si j'apprécie cet aspect.

Tiens-tu à donner cet aspect " mystique " à tes concerts. Lorsqu'on va voir Don Cavalli, pénétrons-nous dans un univers très particulier ?
J'espère mais je ne calcule pas, je joue naturellement…
Tu verras ce soir, peut-être que ça va te décevoir ou qu'au contraire tu vas trouver cela super !
Cependant je ne vais pas arriver avec une cape, un masque ou une couronne de Pharaon (rires)!

Peux-tu revenir sur ta discographie précédant ton nouveau CD ?
Ce nouvel opus doit être mon quatrième ou cinquième. J'ai aussi fait des singles et des 45 Tours vinyles. Il y a toujours eu une touche un peu rurale, proche du Blues même s'il m'est arrivé d'enregistrer des trucs un peu plus Rock'n'roll, style années 50-60...

C'était aussi une particularité de Lenox Records de sortir des vinyles. Cet environnement rétro " fifties " t'était-il cher ?
Oui d'ailleurs, à titre personnel, j'achète encore des vinyles…
Maintenant nous sommes à l'époque du CD et des ordinateurs…
Le fait d'enregistrer des vinyles était une opportunité car les mecs chez Lenox Records sortaient ce support. Si ça avait été de la K7 je l'aurais fait aussi (rires).

Tu disais écouter beaucoup de musiques actuelles. Faire des recherches dans ce sens t'intéresse-t-il. Serais-tu prêt à mêler ton Blues avec des " beats " électro, par exemple ?
Oui je serais prêt à le faire. J'aime aussi les samples…
Ce n'est pas calculé mais quand tu vois toutes les possibilités actuelles, tu te dis que la musique est infinie.

Je ne veux pas toujours faire la même chose mais je ne te dis pas que je vais nécessairement faire des samples, des plans synthé ou mettre des bruitages louches sur mes prochains enregistrements.
Disons que cela ne me déplait pas et que tout est bon à prendre.

Revenons à ton actualité et ton nouvel album " Cryland " (ARag Records) produit par Vincent des Bo Weavil. Peux-tu revenir sur la façon dont tu l'as abordé ?
Nous avons enregistré à Paris - Clignancourt dans un studio de répétitions de 9 m², vraiment à l'ancienne. Vincent me suivait depuis un certain temps et m'avait déjà souvent dépanné sur des concerts et comme j'avais des compos prêtes nous avons enregistré sans but précis.

Il avait déjà fait le dernier album des Bo Weavil avec le label ARag a qui il a fait écouter les enregistrements. Ceux-ci ont plu, donc un investissement plus total dans l'enregistrement a succédé au côté " fun " du projet.
Je tiens à l'aspect frais, spontané et sincère de ma musique…

Les titres de ce CD font souvent référence à des genres musicaux assez variés, peux-tu me parler des différents styles abordés ?
Je n'ai pas vraiment voulu aborder des styles en me disant " on va faire cela comme cela ".
Je voulais faire des trucs avec des chœurs un peu falseto à la Cutis Mayfield et comme j'aime bien le Reggae je voulais aussi y faire référence. Le fait que j'écoute un peu de Hip-Hop doit aussi se ressentir dans le disque. Cependant, comme je l'ai déjà dit, ce n'est jamais calculé…

Le disque a-t-il été enregistré avec des techniques modernes ou avec du matériel vintage comme du temps de Lenox Records ?
Le matériel était plutôt moderne mais il n'y avait rien de particulier. Nous avions deux amplis, deux ou trois guitares différentes et un huit pistes.

La première fois que je t'ai vu, c'était sur scène à l'Olympia lors de ton passage en première partie de Ben Harper. Peux-tu revenir sur cette expérience et sur ton contact avec lui ?
C'était une superbe expérience et l'Olympia c'est super classe!
Si, gamin, on m'avait dit cela je n'y aurais pas cru.

Ben Harper aime bien les Bo Weavil qui lui ont permis de m'entendre. Le contact avec lui a été très bon, il m'a même fait chanter avec lui à la fin du concert. C'était une chanson de son dernier album que je ne connaissais pas, je l'ai donc rapidement apprise dans les loges et j'ai noté des extraits sur ma main…
C'était formidable de me retrouver sur cette scène avec lui devant une salle qui t'applaudit…
Quand tu entends ces " Wouuuuuaaah… ", c'est vraiment d'enfer!

T'es-tu défini des " challenges " musicaux pour l'avenir ?
Je ne sais pas ce que je ferai demain et comment sonnera mon prochain disque.
Ma seule peur serait de perdre mon inspiration. Celle-ci vient toujours soudainement chez moi après des moments de creux créatifs. Comme ça, comme par magie lorsque j'ai ma guitare entre les mains…

Toi qui es auteur - compositeur, t'est-il déjà arrivé d'écrire pour d'autres artistes ?
Oui j'ai fait des compositions pour des groupes de Rock " underground ".
Dernièrement on m'a demandé d'écrire un texte sur la musique d'un groupe américain, des potes de Ben Harper, qui se nomment Culver City Dub Collective. C'est dans un registre un peu Ska.
J'aime beaucoup, d'ailleurs il faut que ça me plaise pour que je trouve l'inspiration.
Le disque va bientôt sortir, j'espère !

Cela doit être à la fois surprenant et touchant d'écrire des textes en anglais qui n'est pas ta langue maternelle, pour un groupe américain…
Oui c'est marrant mais je ne pense pas à ça…
Pour revenir à ta précédente question, c'est vraiment bien de travailler avec différents artistes et j'aimerais bien renouveler cette expérience. C'est grisant de travailler avec d'autres gens et de faire les choses pour eux !

As-tu beaucoup de concerts programmés en France ou à l'étranger ?
Oui j'ai quelques demandes de l'étranger. Je vais jouer en Suède en juin 2007...
J'ai déjà tourné un peu partout en Europe ainsi qu'aux Etats-Unis, j'espère continuer comme cela!

As-tu une conclusion à ajouter ?
Peace in the world or the world is peaces!


www.myspace.com/doncavalli

 

 
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Les liens :

myspace.com/doncavalli

Interview réalisée à Paris -
Le Point Éphémère
le 25 Mai 2007

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

Interview de Don Cavalli

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