Pour commencer, peux-tu me parler de ton apprentissage
musical et de la façon dont l'amour du Blues t'est venu ?
J'ai commencé la musique vers 15-16 ans. Il y avait, à la
maison, une guitare qui m'intriguait, j'ai donc commencé à
gratter dessus.
Je me suis formé tout seul en autodidacte car j'avais envie de
chanter et pour cela je m'accompagnais à la guitare. Je me suis
procuré un bouquin d'accords et cela est venu petit à petit
Puisqu'il y avait une guitare à la maison,
ton environnement familial était-il constitué d'amateurs
de musique ?
Non, les membres de ma famille n'étaient pas du tout branchés
musique, il y avait une guitare comme ça
Il y avait aussi un disque de Ray Charles qui m'a donné l'envie
de faire de la musique. Je m'y suis mis très doucement en essayant
de reprendre certains titres de cet artiste.
Tu parles de Ray Charles mais quelles étaient
tes autres influences à cette époque ?
C'était la musique noire et ça l'est toujours!
Je peux te citer, outre Ray Charles, Little Richard qui m'a aussi fait
dire qu'il fallait que je me lance dans la musique.
As-tu pu intégrer des groupes rapidement
ou as-tu commencé à te produire tout seul ?
J'ai commencé à me produire vers 18-20 ans en formant des
petits groupes dans ma banlieue. Nous répétions uniquement,
sans faire de concerts.
C'est difficile de trouver des gens qui soient motivés sur la
longueur. J'avais toujours des copains qui arrêtaient pour revenir
puis requitter le groupe
Je suis le seul du lot à avoir eu la volonté de continuer.
Quelles ont été tes premières
connections dans la musique et quand as-tu commencé à jouer
professionnellement ?
C'est le gars du label Lenox Records, qui m'avait entendu jouer
en public, qui a été branché par mon style. Il m'a
proposé de faire un disque
Cela a pris du temps car j'avais d'autres activités et que je voulais
être vraiment prêt avant de rentrer en studio. C'est lorsqu'il
ma relancé que je me suis décidé à aller enregistrer
en Suède.
Ce label était aussi celui des Bo Weavil,
est-ce à ce moment-là que tu as rencontré ce groupe
?
A peu près, bien que le chanteur, Matthieu (voir interview
ICI, nda), je l'ai connu plus tard.
Quant au bassiste, Vincent Talpaert, qui a produit mon nouveau
disque j'ai du le rencontrer en 1997.
Il était aussi dans la musique et avait plusieurs formations
Ton style est assez minimaliste et très
roots, pourtant tu arrives à lui donner une couleur très
contemporaine. Quel est ton secret pour faire sonner de la sorte une musique
qui a des origines aussi lointaines ?
Je n'arrive pas à sonner autrement que roots!
J'ai beau essayer de sonner pop, je n'y arrive pas
Par contre je n'écoute pas que du Blues et d'autres musiques anciennes.
Je me nourris aussi de musiques actuelles et je suis ouvert à ce
que j'entends autour de moi. Cela m'inspire aussi
Je n'écoute pas que le Son House des années 1935-1940, tu
vois (rires)!
J'aime aussi le Rap et plein d'autres choses. Il faut évoluer car
tu ne peux pas refaire le même disque à chaque fois.
Tu cultives un côté assez mystérieux,
on sait peu de choses sur toi. Est-ce volontaire, afin de te démarquer,
ou est-ce lié à un trait de caractère et à
une grande timidité ?
C'est un peu des deux
Pendant longtemps je n'avais pas envie de me produire et faire des concerts
juste pour faire des concerts afin de devenir intermittent du spectacle.
Ce n'est pas mon truc, j'ai juste envie de créer et de m'éclater
en faisant de la musique.
Jouer pour jouer, non !
Depuis tes premiers enregistrements on t'a qualifié
d'artiste " hors format ", est-ce une appellation qui te convient
ou y-a-t'il une définition qui te corresponde mieux en tant qu'artiste
?
Je trouve que " hors format " est une superbe critique, ça
me va, tant mieux!
Ce que je fais n'est pas calculé, d'ailleurs quand tu fais de la
musique il ne faut pas que cela le soit.
Comment qualifierais-tu ton style, alors ?
Les gens me parlent souvent de Blues et je reconnais que l'on peut distinctement
entendre cette influence très roots.
Mon style est du Don Cavalli et il vient du cur tout en étant
un peu mystique. J'aime bien le côté spirituel qui nous fait
dire que la vérité sortira le jour du jugement dernier.
Justement, au niveau des textes, de qui t'inspires-tu
?
Je m'inspire de la vie de tous les jours avec toujours ses côtés
spirituels et mystiques.
Cependant je ne me considère pas comme porteur de messages même
si j'apprécie cet aspect.
Tiens-tu à donner cet aspect " mystique
" à tes concerts. Lorsqu'on va voir Don Cavalli, pénétrons-nous
dans un univers très particulier ?
J'espère mais je ne calcule pas, je joue naturellement
Tu verras ce soir, peut-être que ça va te décevoir
ou qu'au contraire tu vas trouver cela super !
Cependant je ne vais pas arriver avec une cape, un masque ou une couronne
de Pharaon (rires)!
Peux-tu revenir sur ta discographie précédant
ton nouveau CD ?
Ce nouvel opus doit être mon quatrième ou cinquième.
J'ai aussi fait des singles et des 45 Tours vinyles. Il y a toujours eu
une touche un peu rurale, proche du Blues même s'il m'est arrivé
d'enregistrer des trucs un peu plus Rock'n'roll, style années 50-60...
C'était aussi une particularité
de Lenox Records de sortir des vinyles. Cet environnement rétro
" fifties " t'était-il cher ?
Oui d'ailleurs, à titre personnel, j'achète encore des vinyles
Maintenant nous sommes à l'époque du CD et des ordinateurs
Le fait d'enregistrer des vinyles était une opportunité
car les mecs chez Lenox Records sortaient ce support. Si ça avait
été de la K7 je l'aurais fait aussi (rires).
Tu disais écouter beaucoup de musiques
actuelles. Faire des recherches dans ce sens t'intéresse-t-il.
Serais-tu prêt à mêler ton Blues avec des " beats
" électro, par exemple ?
Oui je serais prêt à le faire. J'aime aussi les samples
Ce n'est pas calculé mais quand tu vois toutes les possibilités
actuelles, tu te dis que la musique est infinie.
Je ne veux pas toujours faire la même chose mais je ne te dis
pas que je vais nécessairement faire des samples, des plans synthé
ou mettre des bruitages louches sur mes prochains enregistrements.
Disons que cela ne me déplait pas et que tout est bon à
prendre.
Revenons à ton actualité et ton
nouvel album " Cryland " (ARag Records) produit par Vincent
des Bo Weavil. Peux-tu revenir sur la façon dont tu l'as abordé
?
Nous avons enregistré à Paris - Clignancourt dans un studio
de répétitions de 9 m², vraiment à l'ancienne.
Vincent me suivait depuis un certain temps et m'avait déjà
souvent dépanné sur des concerts et comme j'avais des compos
prêtes nous avons enregistré sans but précis.
Il avait déjà fait le dernier album des Bo Weavil avec
le label ARag a qui il a fait écouter les enregistrements. Ceux-ci
ont plu, donc un investissement plus total dans l'enregistrement a succédé
au côté " fun " du projet.
Je tiens à l'aspect frais, spontané et sincère de
ma musique
Les titres de ce CD font souvent référence
à des genres musicaux assez variés, peux-tu me parler des
différents styles abordés ?
Je n'ai pas vraiment voulu aborder des styles en me disant " on va
faire cela comme cela ".
Je voulais faire des trucs avec des churs un peu falseto à
la Cutis Mayfield et comme j'aime bien le Reggae je voulais aussi y faire
référence. Le fait que j'écoute un peu de Hip-Hop
doit aussi se ressentir dans le disque. Cependant, comme je l'ai déjà
dit, ce n'est jamais calculé

Le disque a-t-il été enregistré
avec des techniques modernes ou avec du matériel vintage comme
du temps de Lenox Records ?
Le matériel était plutôt moderne mais il n'y avait
rien de particulier. Nous avions deux amplis, deux ou trois guitares différentes
et un huit pistes.
La première fois que je t'ai vu, c'était
sur scène à l'Olympia lors de ton passage en première
partie de Ben Harper. Peux-tu revenir sur cette expérience et sur
ton contact avec lui ?
C'était une superbe expérience et l'Olympia c'est super
classe!
Si, gamin, on m'avait dit cela je n'y aurais pas cru.
Ben Harper aime bien les Bo Weavil qui lui ont permis de m'entendre. Le
contact avec lui a été très bon, il m'a même
fait chanter avec lui à la fin du concert. C'était une chanson
de son dernier album que je ne connaissais pas, je l'ai donc rapidement
apprise dans les loges et j'ai noté des extraits sur ma main
C'était formidable de me retrouver sur cette scène avec
lui devant une salle qui t'applaudit
Quand tu entends ces " Wouuuuuaaah
", c'est vraiment
d'enfer!
T'es-tu défini des " challenges "
musicaux pour l'avenir ?
Je ne sais pas ce que je ferai demain et comment sonnera mon prochain
disque.
Ma seule peur serait de perdre mon inspiration. Celle-ci vient toujours
soudainement chez moi après des moments de creux créatifs.
Comme ça, comme par magie lorsque j'ai ma guitare entre les mains
Toi qui es auteur - compositeur, t'est-il déjà
arrivé d'écrire pour d'autres artistes ?
Oui j'ai fait des compositions pour des groupes de Rock " underground
".
Dernièrement on m'a demandé d'écrire un texte sur
la musique d'un groupe américain, des potes de Ben Harper, qui
se nomment Culver City Dub Collective. C'est dans un registre un
peu Ska.
J'aime beaucoup, d'ailleurs il faut que ça me plaise pour que je
trouve l'inspiration.
Le disque va bientôt sortir, j'espère !
Cela doit être à la fois surprenant
et touchant d'écrire des textes en anglais qui n'est pas ta langue
maternelle, pour un groupe américain
Oui c'est marrant mais je ne pense pas à ça
Pour revenir à ta précédente question, c'est vraiment
bien de travailler avec différents artistes et j'aimerais bien
renouveler cette expérience. C'est grisant de travailler avec d'autres
gens et de faire les choses pour eux !
As-tu beaucoup de concerts programmés en
France ou à l'étranger ?
Oui j'ai quelques demandes de l'étranger. Je vais jouer en Suède
en juin 2007...
J'ai déjà tourné un peu partout en Europe ainsi qu'aux
Etats-Unis, j'espère continuer comme cela!
As-tu une conclusion à ajouter ?
Peace in the world or the world is peaces!
www.myspace.com/doncavalli
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