Flo Bauer Blues Project
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Nda : Les qualificatifs peuvent venir à manquer lorsque l’on évoque Flo Bauer. En effet, ce chanteur-guitariste ne cesse de surprendre de par sa maturité et de par son humilité. Des qualités qui prennent encore plus de relief, lorsque l’on y ajoute ses divers talents artistiques...Entouré par les expérimentés Pierrot Bauer (batterie, ne possédant aucun lien de parenté avec le jeune homme) et Benoit « Ben » Seyller (basse), il a fondé le Flo Bauer Blues Project qui sort, en février 2017, un premier album particulièrement réussi.
Outre de nombreux invités de marque, nous y sommes confrontés à une parfaite cohésion et à un esprit de camaraderie exemplaire. Choses dont le trio a fait la démonstration lors de sa venue dans l’émission Route 66…

Pour débuter, Flo, peux-tu revenir sur les circonstances qui t’ont amené à travailler avec Ben Seyller et Pierrot Bauer ?66
Flo Bauer : Je connais Pierrot depuis, environ 5 ou 6 ans. Nous accompagnions, ensemble, Pierre Specker. C’est Pierrot qui m’a permis de rencontrer Ben Seyller et nous jouons tous les trois ensemble, depuis près de deux ans, au sein du Flo Bauer Blues Project. Nous créons, répétons, faisons des concerts et enregistrons nos morceaux en parfaite harmonie.

Si ton nom apparait, en lettres capitales sur l’album, on peut considérer que ton souhait premier était de créer un esprit de groupe autour de toi. Ce Flo Bauer Blues Project est-il donc un groupe à part entière avant d’être un projet solo ?
Flo Bauer : Oui car, chaque instant, je partage cette aventure avec eux. Sur scène, nous officions en trio, même si nous avons pu compter sur l’appui de musiciens extérieurs (cuivres, orgue, harmonica…) en ce qui concerne notre premier CD. Je souhaitais réellement lier Pierrot et Ben à ce projet, via le terme de « Blues Project ».
Ce groupe a vu le jour à l’occasion d’un concert, je voulais me faire plaisir en répétant puis en me produisant à leurs côtés. Plus les répétitions avançaient, plus nous nous rendions compte que nous ne pourrions pas nous limiter à un seul gig. Nous avons décidé de continuer ensemble, puis de composer et de sortir cet album, tout en continuant à donner un maximum de concerts.

Si tu es déjà venu dans l’émission par le passé, afin d’évoquer ta découverte du blues (voir interview ICI), estimes-tu que Pierrot et Ben t’ont appris de nouvelles choses au sujet de cet idiome. T’ont-ils aiguillé vers l’œuvre de certains artistes que tu ne connaissais pas au préalable ?
Flo Bauer : C’est mutuel… Je leur fait découvrir des artistes et ils m’en font découvrir à leur tour. C’est surtout l’expérience qui transite entre nous et qui se transmet lors de nos répétitions ou de nos concerts. J’apprends à connaitre les réflexes de Pierrot à la batterie et ceux de Ben à la basse. Nous apprenons les uns des autres et c’est ce qui est fantastique dans la musique. Nous avons besoin des autres pour nous enrichir…

Justement, de manière plus générale, qu’as-tu appris à leur contact ?
Flo Bauer : Cela fait plusieurs dizaines d’années qu’ils jouent ensemble. Le fait de se faire accompagner par une section rythmique si soudée est une grande satisfaction. Je peux me « reposer » sur eux car ils se connaissent parfaitement. De plus, cela m’oblige à m’adapter à leur manière de jouer. D’un côté je m’adapte à eux et, de l’autre, j’essaye de les emmener vers mon propre univers. C’est génial, chacun amène sa pierre à l’édifice !
Pierrot Bauer : Et cela fonctionne en plus (rires) !

Ben et Pierrot, vous êtes dotés d’un long cursus musical. Pouvez-vous revenir sur vos parcours respectifs ?
Ben Seyller : J’ai commencé en accompagnant Guy Roël à qui, par la suite, j’ai présenté Pierrot Bauer. Notre trio a duré une vingtaine d’années… Puis nous avons joué dans plusieurs groupes ensemble (Second Hand, Mojo New Line…) et l’histoire continue !
Pierrot Bauer : J’ai commencé avec Pierre Specker, notre « barde sundgauvien »…que tout le monde connait ! Nous jouions de la musique folk et de la country music, cela était très agréable. Cette expérience a duré une bonne dizaine d’années avant que je ne rejoigne Guy Roël et Ben Seyller.
Flo Bauer : Et c’est là que les ennuis ont commencé (rires) ! En tout cas c’est grâce à Ben et à Pierrot que j’ai pu rencontrer Guy Roël. C’est toujours un plaisir de pouvoir côtoyer des personnes qui portent une telle histoire en eux.

De votre côté Ben et Pierrot, en quoi Flo vous surprend-t-il le plus ?
Pierrot Bauer : C’est sa spontanéité qui me surprend le plus. Son talent est merveilleux, c’est un vrai artiste !
Ben Seyller : Surtout qu’à son âge, ce n’est presque pas normal d’écouter du blues (rires) !
Flo Bauer : Pourtant écouter et jouer du blues est une chose naturelle pour moi. Toute musique en vaut la peine, il suffit de savoir apprécier chaque chose à sa juste valeur. Comme je le dis dans la chanson « The blues », c’est vers l’âge de 15 ans que cette passion m’est venue et elle me suit depuis.

En assistant à l’une des sessions d’enregistrement du disque, j’ai été surpris par le côté « maitre de lui » de Flo. Il sait ce qu’il veut et, pourtant, il sait le montrer sans être dirigiste vis-à-vis des musiciens qui l’accompagnent. Il est le chef mais il sait donner des espaces de liberté aux autres. Est-ce, également, votre ressenti Ben et Pierrot ?
Pierrot Bauer : Oui, tout à fait ! Il est très souple mais il sait ce qu’il veut le gaillard !
Flo Bauer : Il faut dire que si on laisse faire les vieux ce qu’ils veulent, ça part vite en cacahuète (rires) !
Ben Seyller : S’il était dirigiste, on l’aurait vite « claqué » (rires) !
Pierrot Bauer : Il sait s’entourer et c’est pour cela qu’il ne travaille qu’avec des « vieux » (rires). A bien y réfléchir, je me demande si ce n’est pas lui le « vieux briscard ». Il possède une grande facilité pour parler devant un micro. Il m’épate !

Ainsi qu’une grande maturité !
Pierrot Bauer : Oui, je suis d’accord avec toi !
Flo Bauer : C’est lié au fait de, constamment, côtoyer des gens plus âgés que moi qui me permet de bénéficier de cette forme de maturité. Je me dois de m’intégrer…
Pierrot Bauer : Le tout est de ne pas vieillir trop vite…
Flo Bauer : Je crois que ces deux lascars qui m’accompagnent, comme je le dis dans une chanson, n’ont pas voulu vieillir trop vite de leur côté. Ils savent rester jeunes. C’est aussi à cela que sert la musique…

Flo, peux-tu me parler du studio qui a été utilisé pour l’enregistrement de ce disque ?
Flo Bauer : Il s’agit d’un lieu que j’aime beaucoup et que j’ai fréquenté à plusieurs occasions (pour un album avec mon précédent groupe Haute Fréquence, pour un E.P en solo ainsi que pour l’enregistrement de quelques titres avec Pierre Specker). Son nom est Studio de la Passerelle dont les ingénieurs du son (Jacques Belzung et Joël Montemagni) sont, également, des musiciens. C’est toujours un plaisir, aussi bien humainement que musicalement, de travailler avec eux. Ils comprennent parfaitement ce que les musiciens ont en tête et ils font, toujours, sonner la batterie d’une manière exceptionnelle. J’ai davantage assimilé cet enregistrement à du plaisir qu’à du travail.

A l’écoute du disque, on se rend compte qu’il est très orchestré. On y trouve beaucoup d’invités et de musiciens différents. Les arrangements étaient-ils préparés très en amont de l’enregistrement ?
Flo Bauer : Les idées m’étaient venues avant de commencer les sessions. Je t’avoue avoir essayé d’écrire des arrangements de cuivres mais je me suis rendu compte que j’étais un peu « surpassé » par la chose. Joël Montemagni m’a, alors, proposé de travailler avec un tromboniste réputé pour ses arrangements. J’ai donc rencontré Benoit Bilger qui est un type formidable. Il s’est chargé de ce travail avec brio. Puis, tout s’est assemblé comme un puzzle. Au fur et à mesure, nous en sommes venus à inviter des gens comme Fred Chapellier, Michel-Yves Kochmann, Charlie Fabert etc. Des gens qui sont déjà très installés professionnellement parlant.

En fait, à chaque fois, un nom en amenait un autre…
Flo Bauer : Oui, en quelque sorte… Au fil des arrangements, nous avons eu l’idée d’ajouter ou un piano (Sébastien Troendlé) ou un violon (Guillaume Singer)… Tout est venu petit à petit.

Le morceau « Angie » des Rolling Stones est, comme tu me le disais lors d’une précédente rencontre, l’un de tes titres fétiches. Pour ma part, malgré le fait de beaucoup apprécier ce groupe anglais, je me suis un peu lassé de la version originale à force de l’avoir entendue. Tu me réconcilies avec ce titre sur ton album, grâce à une relecture tout à fait novatrice. Comment te sont venus ces arrangements ?
Flo Bauer : Cette version en 6/8 est beaucoup plus lente et diamétralement opposée l’originale. Nous la jouions déjà régulièrement, avec le trio, pendant nos concerts. Dans un premier temps, je voulais solliciter Michel-Yves Kochmann (car c’est un grand fan des Stones) afin qu’il participe à ce titre. Il a donc fait une guitare acoustique, un dobro et signé un solo final (à la slide). Puis, Guillaume Singer, le violoniste (que l’on retrouve aussi sur « A-boogie » avec sa panoplie de pédales d’effets) est intervenu à l’initiative de Ben Seyller. Cette participation donne une nouvelle dimension à la chanson…

Lors de ma venue durant vos sessions, j’avais assisté à l’enregistrement de « Come on in my kitchen » qui est un duo avec Guy Roël. Vous aviez décidé d’enregistrer ce titre dans les conditions du live. Cette option a-t-elle été retenue pour une grande partie de l’album ?
Flo Bauer : Non, ne serait-ce qu’en raison du grand nombre d’invités qui m’ont prêté main forte. Tous ne pouvaient pas être présents en même temps. De ce fait, nous avons privilégié le « re-recording ». C’est la section rythmique qui a été enregistrée en premier et, souvent, en live. Les autres instruments sont venus après. « Come on in my kitchen » est l’exception qui confirme la règle car, pour ce titre, nous souhaitions conserver une certaine authenticité. Ce titre de Robert Johnson mérite d’être joué en live. Il y avait un esprit de symbiose entre nous tous (Sébastien Troendlé au piano, Guy Roël à la guitare slide et au chant ainsi que notre trio). C’est l’ambiance qui prévalait pour ce morceau…

Parmi les nombreux invités du disque, on retrouve donc Guy Roël que tu pourrais quelque part considérer comme un « parrain »…
Flo Bauer : Oui ! C’est mon père qui, pour la première fois, est parvenu à me faire jouer avec Sébastien Troendlé (pianiste spécialisé dans le boogie woogie) et Guy Roël. Ils se produisaient, alors, en formule duo…c’était il y a 3 ou 4 ans. C’est de cette manière que j’ai commencé à les connaitre et, maintenant, nous avons sympathisé.

Peux-tu nous parler des autres personnes que l’on retrouve sur le disque ?
Flo Bauer : Il y a Charlie Fabert, un jeune guitariste qui a quelques années de plus que moi. Il accompagne Fred Chapellier et il est très doué. Il se produit, d’ailleurs, avec deux autres groupes qui sont Grand Media Blackout et Rosedale. Notre section de cuivres est constituée de Benoit Bilger (arrangements et trombone), de Jean-Claude « Clovis » Abt (trompette) et Thierry Kauffmann (saxophone). Il y a, également, Mario Tardio (orgue), l’exceptionnel Philippe Hammel (harmonica) que Benoit et Pierrot m’ont fait découvrir, Guillaume Singer (violon), Fred Chapellier que l’on ne présente plus, Michel-Yves Kochmann (guitariste d’origine alsacienne qui accompagne, notamment, Voulzy et Souchon). Les chœurs sont constitués de Lucie Seyller (la fille de Ben Seyller) et par Joana Brooks avec laquelle j’ai l’habitude de chanter.
Ben Seyller : Pour la petite histoire, Sébastien Troendlé a été mon premier professeur de piano il y a une vingtaine d’années.
Flo Bauer : Il est vrai que Ben est multi-instrumentiste. Il lui arrive, d’ailleurs, de jouer du ukulélé avec nous.

Plus que des participations, ces collaborations sont de réels échanges…
Flo Bauer : Oui, tout à fait… Nous avons cherché à créer cet échange. Même Michel-Yves Kochmann (le seul musicien qui n’a pas eu la possibilité de venir au studio et qui a été contraint d’envoyer sa piste) reste très proche. Nous nous entendons bien et il continue de m’encourager. Mes relations avec tous ces gens sont intimes, elles ne se limitent pas au travail.

Il n’y a que deux reprises sur cet album. Tous les autres morceaux sont des compositions originales. Ils me semblent très introspectifs, malgré ton jeune âge…
Flo Bauer : Le fait de trouver des textes est la chose la plus difficile pour moi. J’ai constamment des idées en ce qui concerne les musiques mais j’ai, parfois, du mal à trouver des sujets. Je ne veux pas écrire des textes qui ne veulent rien dire, je tiens à leur donner du sens et à défendre certaines idées. J’aborde, parfois, des thèmes plus légers et j’ai tenu à évoquer notre époque qui est très virtuelle. Sinon, en effet, on trouve des titres très personnels…

Tu es très jeune…te sens-tu en « décalage » par rapport aux gens de ta génération ?
Flo Bauer : Oui, surtout par rapport aux goûts musicaux des jeunes de mon âge. Je sais que ce que je fais ne branche pas forcément mes potes. Par contre, ils ont de l’admiration envers ma démarche. Ils se rendent compte que notre musique est faite par nos propres mains. Le fait qu’ils n’apprécient pas forcément le blues me pousse à persévérer et me motive pour faire découvrir ce registre à la génération à laquelle j’appartiens.

Es-tu parvenu à « convertir » certaines personnes ?
Flo Bauer : Je ne le sais pas, mais il est sûr que j’en sensibilise beaucoup. Le fait que certaines personnes écoutent du blues, juste parce qu’ils me connaissent est déjà une petite victoire en soi. Sinon, j’estime qu’il ne faut pas forcer les gens à aimer quoique ce soit dans la vie. Par contre, il faut leur ouvrir des portes…

Puis-je vous laisser le mot de la fin ?
Pierrot Bauer : J’en profite simplement pour embrasser mon épouse car nous allons, bientôt, partir en tournée (rires).
Flo Bauer : Je te remercie beaucoup !
Ben Seyller : Oui, merci David !

Remerciements : Serge Bauer

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Interview réalisée
Studio RDL -
Colmar le 22 février 2017

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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