Guy Verlinde
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Nda : Découvert sous le pseudonyme de Lightnin’ Guy, le chanteur-guitariste flamand Guy Verlinde a décidé de poursuivre sa carrière sous son véritable patronyme. Un choix louable, qui ne l’empêche pas de continuer à célébrer sa musique de prédilection avec foi…ainsi qu’avec une admirable abnégation. Passionné de blues jusqu’au plus profond de son être, l’artiste transforme chacune de ses prestations scéniques en grand-messe. C’est d’ailleurs peu avant l’une d’entre elles que j’ai retrouvé cette véritable « bête de scène ». Le gantois de stature internationale, bien que fidèle à ses racines, y démontre que son regard est résolument porté vers l’avenir.

Guy, depuis notre dernier entretien (en novembre 2012, voir ICI) tu as décidé de poursuivre ta carrière sous ton propre nom. Tu t’étais, pourtant, forgé une solide réputation sous le pseudonyme de Lightnin’ Guy. Pourquoi as-tu fait ce choix ?66
Car tout ce que je fais est très personnel. Même sous le nom de Lightnin’ Guy, je ne portais aucun masque…il s’agissait toujours de moi. Ma musique est, aussi, devenue de plus en plus personnelle. C’est, en partie, pour cela que j’ai décidé de reprendre mon véritable patronyme…celui de Guy Verlinde. Il y a, également, un aspect psychologique. Auparavant, je pensais qu’il fallait obligatoirement avoir un nom qui sonne anglo-saxon pour faire du blues. Cependant, la scène européenne a commencé à se faire de moins en moins de complexes vis-à-vis de nos homologues américains.
De nombreux artistes de talent n’ont pas hésité à faire carrière en utilisant leurs véritables noms. Des gens tels que Thorbjorn Risager (Danemark), Henrik Freischlader (Allemagne) ou Fred Chapellier (France) en sont la preuve. Du coup, je me suis dit « pourquoi ne pas redevenir Guy Verlinde ? ». Sur la scène blues, Lightnin’ Guy avait une résonnance qui faisait pensait à Lightnin’ Slim ou Lightnin’ Hopkins. C’était un nom qui sonnait très blues, alors que mon public n’est pas constitué que d’aficionados de cette musique. C’était un peu trop « cliché » et cela pouvait même faire penser, aux yeux de certains, à des pseudonymes que pouvaient employer d’anciens acteurs pornographiques (rires) !
 Tout est donc devenu plus personnel et intimiste pour moi. C’était le bon moment pour changer de nom. Au final, ça fonctionne car je ne fais pas moins de concerts et les gens acceptent que je sois redevenu Guy Verlinde…

N’as-tu pas, à un moment, eu peur de désorienter ton public. T’a-t-il suivi dès le début ?
Les gens qui me suivent depuis mes débuts sont connectés via les réseaux sociaux. Ils ont donc pu suivre cette transformation qui a été progressive. Elle a commencé en 2015, lorsque mon nom est devenu Lightnin’ Guy Verlinde. C’est sur mon album « Better Days Ahead » (paru la même année, nda) que le nom Guy Verlinde seul est apparu pour la première fois. J’ai l’impression que la transition s’est faite naturellement et que tout le monde sait très bien que Lightnin’ Guy est devenu Guy Verlinde. Deux ans plus tard, tout est normal…

En tout cas ta musique reste inchangée. Tu navigues toujours entre one-man band et différentes formules de groupes. Peux-tu, d’ailleurs, évoquer tes compagnons de route actuels que sont The Houserockers ?
The Houserockers est, en effet, l’un des groupes qui m’accompagne (l’autre étant The Mighty Gators). Ces musiciens sont ceux avec lesquels j’ai commencé à interpréter le répertoire de Hound Dog Taylor. En 2011, j’ai d’ailleurs enregistré un disque pour le label Dixiefrog (paru en 2012). Il rendait intégralement hommage à ce fameux bluesman de Chicago. Son titre est « Lightnin’ Guy Plays Hound Dog Taylor Live ! ».
Il s’agit d’un projet annexe à celui de Guy Verlinde & The Mighty Gators, qui est bien davantage mis en avant aujourd’hui. Actuellement, notre son est devenu quelque chose de très spécial. En gros, avec les Houserockers, nous aimerions montrer comment Hound Dog Taylor sonnerait s’il était toujours en vie. C’est notre idée de base… Il en résulte l’album « How How How » dont la version vinyle propose, en bonus, le 33 tours tribute à Hound Dog Taylor. Avec ce projet, nous ne nous posons pas trop de questions. Nous interprétons, avec énergie, un blues rudimentaire joué à la guitare slide. En ce qui concerne les Mighty Gators, l’énergie est toujours de mise mais les chansons sont plus sophistiquées et plus travaillées que les shuffles et les boogies que nous mettons en avant avec The Houserockers.

Le nom de groupe, The Mighty Gators, n’est pas sans faire penser au label Alligator Records de Chicago. Quelle a été la réaction de Bruce Iglauer, le patron de ce label, lorsqu’il a entendu ton hommage à Hound Dog Taylor qui était l’un de ses artistes ?66
C’est une chose assez incroyable car pour mon tribute à Hound Dog Taylor, ainsi que pour « How How How », il m’a envoyé des lettres personnelles. Il me félicite sur chacune d’entre elles et estime que ces enregistrements ont été réalisés avec un état d’esprit et un son très proches de ce qui avait été fait à l’origine aux USA. Il y précise aussi, qu’en tant que producteur d’Hound Dog Taylor, son avis ne peut être plus fiable. C’était bizarre de recevoir ces lettres de Chicago, signées par le fondateur d’Alligator Records… De nombreux journalistes belges et hollandais m’ont dit que Bruce Iglauer recevait beaucoup de disques de groupes mais qu’il ne montrait pas toujours le même enthousiasme. Là, avec 6 ans d’écart, il m’a répondu et félicité à chaque fois. Le fait de porter cet héritage musical me rend très fier…

Peux-tu me parler de la conception de ce disque, « How How How » paru en 2017 ?
Cela s’est fait très naturellement et le disque a été enregistré en, seulement, un jour et demi. Je n’avais, d’ailleurs, jamais été aussi rapide dans la réalisation d’un album. Nous avons, au préalable, effectué que deux répétitions… Avec le guitariste des Pays-Bas Richard van Bergen (qui possède son propre groupe, Rootbag) ainsi qu’avec le batteur King Berik (qui est le batteur parfait pour ce type de projets avec son jeu très « old school »), je ne peux jouer que la musique de Hound Dog Taylor ou ce registre musical. C’est, en effet, un style très particulier. Avant l’aspect technique, c’est la cohésion de l’ensemble qui prime. Il n’y a pas de bassiste et les guitaristes, au lieu de jouer en mi, sont accordés en do. Il en résulte un son qui est très fort sans être rock. C’est rudimentaire et éloigné du blues rock classique. Toutes les prises ont été enregistrées en live sans aucun overdub. Nous n’avons fait que deux ou trois prises pour chaque morceau. Cet aspect naturel est palpable dans le disque…je pense que cela est un gage de qualité.

Tu tournes énormément (Benelux, France, Allemagne, Scandinavie…). Le public qui te suit est-il le même d’un pays à l’autre ?
La scène blues dans tous ces pays est quasiment la même. C’est une niche de gens un peu plus âgés que la moyenne. Des amateurs de musique qui aiment boire un verre… Cependant, nous jouons de plus en plus en dehors de la scène blues. C’est le cas dans le milieu alternatif, qui touche beaucoup plus les jeunes. Tout dépend de la région. Dans les grandes villes, les gens sont plus blasés et il faut déployer encore plus d’énergie pour que nous soyons convaincants auprès d’eux. Dans un village, les personnes sont plus enthousiastes car quelque chose va se passer…c’est beaucoup plus facile ! Je ne ressens pas de différences culturelles entre les différents pays. En fait, tout dépend des endroits dans lesquels nous nous produisons…

La fréquence de tes concerts et de tes enregistrements est vraiment impressionnante. Où puises-tu ton énergie ?
En fait, j’estime que je reçois beaucoup de la part du public… Cela m’aide à toujours donner davantage. C’est un échange constant et j’essaye, de plus en plus, de créer une atmosphère pour que l’alchimie se fasse. Chaque concert est une expérience et mon but est de faire en sorte que le public se sente mieux à la fin du concert qu’avant celui-ci. Le fait d’être en permanence sur la route est une chose fatigante, mais je pense que mon métier est le plus beau du monde. Aujourd’hui, je peux payer mes factures grâce à mes cachets et à la vente de mes disques. Cela mérite quelques sacrifices et c’est mieux que de passer de longues heures dans une usine ou dans des bureaux. J’ai exercé plusieurs professions avant d’être musicien professionnel. Etant, aujourd’hui, âgé de 41 ans…je peux vraiment apprécier la différence et mon statut actuel. Ma vie de bohème n’est pas facile, mais j’adore cela. Je suis venu de Belgique spécialement pour ce concert à La Charité-sur-Loire (dans le cadre du Festival Blues en Loire, nda). Je ne connaissais pas cette ville auparavant et je suis très touché de pouvoir m’y produire.

Pendant très longtemps, je trouvais que la scène blues belge était supérieure à la scène blues française. Heureusement, depuis une quinzaine d’années, cette dernière se développe davantage et les artistes qui y sont intégrés osent plus de choses. Maintenant que, pour y avoir tourné, tu connais bien notre pays, es-tu séduit par certains d’entre eux ?
Oui, j’aime beaucoup Nico Duportal qui se produit régulièrement en Belgique. C’est quelqu’un de très professionnel qui est à la tête d’un très bon groupe. Il n’a pas choisi le chemin le plus facile car beaucoup de musiciens l’accompagnent (cuivres, orgue etc.). Le résultat est excellent… Je suis, aussi, très admiratif de Bo Weavil qui navigue toujours entre plusieurs projets. Il n’hésite pas à intégrer des éléments actuels à sa musique et il reflète bien ce que peut être le blues du XXIème siècle. Tia And The Patient Wolves m’impressionne également. Tia est une passionnée de blues, qui a beaucoup voyagée aux Etats-Unis. Elle n’arrête jamais car elle a cette musique dans le sang. Nico Wayne Toussaint est un grand showman qui, actuellement, rend hommage à James Cotton. Lui aussi est très professionnel… J’ai l’impression qu’il y a de plus en plus de musiciens de blues en France. Je suis souvent agréablement surpris par cette scène que je ne connaissais pas il y a encore quelques années.

Quelles sont tes envies artistiques pour 2018 ?
En septembre 2017, avec les Mighty Gators, nous allons enregistrer un nouveau disque et nous célèbrerons un double anniversaire en 2018. En effet, ce sera les 10 ans d’existence de ce groupe et les 20 ans de ma vie sur la route. J’ai commencé plus tôt mais c’est vraiment en 1998 que je me suis positionné en tant que leader. Pour cela, nous allons faire la fête et avons déjà beaucoup de concerts de programmés. Ces derniers se dérouleront dans toute l’Europe et, pour la circonstance, seront parfois agrémentés d’invités spéciaux. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous n’avons pas beaucoup joué (avec les Mighty Gators) en Belgique et aux Pays-Bas en 2017. Je voulais réserver cette formule de groupe pour l’an prochain…

Souhaites-tu ajouter une conclusion à cet entretien ?
Je suis très content de constater que nous arrivons à nous implanter sur la scène blues française. Quel que soit l’endroit, les gens sont toujours enthousiastes. J’espère que nous pourrons revenir plus souvent dans le futur, car la scène blues française est très chaleureuse. Les gens sont ouverts lorsqu’il s’agit de nouveaux groupes. Ils arrivent même à me comprendre…malgré mon accent très exotique (rires) !

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Interview réalisée
Festival Blues en Loire -
La Charité-sur-Loire
le 17 août 2017

Propos recueillis par
David BAERST

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