Tu es un spécialiste de la guitare "
slide ". Qui t'a initié à cette technique ?
J'ai commencé ma carrière en jouant principalement
au Theresa's Lounge où un guitariste nommé Sammy Lawhorn
m'a appris les rudiments de ce style.
Par la suite, je me suis retrouvé dans le groupe de Muddy Waters
et le style de ce dernier m'a évidemment énormément
influencé.
Dans le cadre de ton passage ici, à Cognac,
on t'a vu jouer en acoustique. Est-ce un style que tu comptes privilégier
dans l'avenir ?
En fait cela n'a pas vraiment d'importance pour moi. Déjà,
avant de venir à Cognac, il m'arrivait de jouer régulièrement
en acoustique, même en public dans des clubs.
J'ai commencé en jouant sur une corde tendue sur un mur de la maison
de ma grand-mère, on ne peut pas faire plus acoustique
.
Au départ, le blues était une musique acoustique, c'est
donc une composante que je souhaite conserver.
Mon but est de garder un équilibre entre la musique acoustique
et la musique électrique et de continuer ainsi.
Penses tu que le blues est entre de bonnes mains
aujourd'hui ?
Je suis entre de bonnes mains puisque je suis ici en compagnie de Matthew
& Larry Skoller ainsi que de Little Smokey Smothers (Rires).
Il y a une nouvelle génération qui joue du blues, à
Chicago comme ailleurs. Je trouve que ces jeunes abusent des pédales
d'effets, ce qui me gêne car pour moi le blues ce n'est pas cela.
Lorsque j'ai commencé, le blues se jouait en acoustique. Cette
musique se joue avec le cur, passe par la tête et sort par
les doigts, il n'y a pas besoin d'autre chose.
Le blues continuera à vivre tant que nous le supporterons, c'est
la chose à faire.
Par
rapport à la jeune génération, je fais tout mon possible.
Par exemple j'ai été un des premiers à aller enregistrer
en Argentine, voyant qu'il y avait du travail et des possibilités
d'évolution pour les jeunes, je les ai poussé à en
faire autant.
A Chicago je suis le premier à " pousser " des artistes
débutants, ma mission en tant que personne qui connaît bien
le blues est de les aider à s'améliorer et à jouer
cette musique encore mieux.
Et cette jeune génération, a t-elle
un son spécifique ?
Ces jeunes gens, même ceux qui s'intéressent de très
près au blues, sont très influencés par le rock,
donc ils ont un son très rock. Comme ils sont jeunes, ils aiment
le rock, le disco, ils ont beaucoup d'influences et pensent pas mal aux
filles (rires).
Le jour où ils arriveront à se débarrasser de tout
cela et qu'ils pourront se consacrer au blues, ils y arriveront très
bien, il n'y a aucun problème
.
Pourquoi n'as-tu pas plus enregistré pour
des labels américains mais plutôt pour une firme autrichienne,
Wolf Records ?
Au départ c'est le créateur de Wolf Records qui a contacté
Magic Slim pour l'enregistrer lors d'une série de concerts.
A l'époque le CD n'existait pas, c'était encore des 33 tours.
On m'a demandé d'être le chanteur leader sur 2 ou 3 titres
de cet album. Par le suite nous avons continué à travailler
ensemble, c'était le tout début du label.
Ce que les gens ne savent pas c'est que je fais, au même titre que
Magic Slim, parti des créateurs de Wolf Records.
Cela m'a permis de faire enregistrer d'excellents bluesmen de Chicago
qui étaient oubliés par les maisons de disques américaines
et qui, de ce fait, ont pu retrouver ne distribution normale.
Il est très important pour un artiste aujourd'hui d'avoir un CD
à son actif pour pouvoir assurer sa promotion.
Cela était aussi notre but lorsque nous avons décidé
de créer le label Wolf.
N'es-tu pas frustré par le manque d'intérêt
de certains labels américains vis à vis des bluesmen traditionnels,
comme par exemple Alligator avec Little Smokey Smothers ?
Oui, je comprends la position de Little Smokey Smothers (voir son interview
à Cognac sur ce même site, Nda)
.
D'un autre côté Alligator est une grande maison de disques
et moi même qui n'ai jamais enregistré pour cette compagnie,
je dois beaucoup à son patron, Bruce Iglauer.
Il m'a permis de travailler sur d'autres projets tels que des musiques
de film etc
. Ces travaux me rapportent des royalties et rien que
pour cela, je lui dois un certain respect.
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