Julien Brunetaud
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST
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Pour commencer, Julien, peux-tu te présenter ?
Je viens du Sud-Ouest de la France plus précisément de Villeneuve-sur-Lot, dans le Lot et Garonne, une commune située entre Bordeaux et Toulouse. Il y avait, dans cette ville, un grand Festival de Jazz qui a existé durant 15 ou 20 années.

A partir de mes 16-17 ans j'ai bougé vers Bordeaux puis je suis arrivé à Paris il y a deux ans (Julien est aujourd'hui âgé de 25 ans, Nda).

Dans quelles circonstances as-tu découvert le Blues ?
Au départ j'étais plus amateur de Rock'n'Roll, écoutant Chuck Berry et Jerry Lee Lewis. J'étais, avant d'en jouer, particulièrement attiré par le son de piano de ce dernier.

Par la suite j'ai découvert le Blues à travers les disques d'Otis Spann, de Roosevelt Sykes, de Jay Mc Shann etc…

C'est donc le Blues qui t'a poussé à faire du piano plutôt que l'inverse ?
Oui à travers les disques puis à travers la rencontre avec des musiciens. J'ai monté mon premier groupe à la fin du Collège - début du Lycée. Nous étions quelques-uns à déjà écouter du Blues comme BB King. Nous avons donc décidé d'approfondir nos connaissances dans ce domaine.

Par la suite j'ai rencontré Nicolas Toussaint (Nico Wayne Toussaint, voir l'interview ICI, Nda) qui, en vrai passionné, m'a fait découvrir énormément de choses.

Peux-tu revenir sur ton apprentissage du piano puisque tu es, au départ, un autodidacte ?
J'ai commencé juste pour passer du bon temps. Au lieu de me rendre aux cours j'allais au piano plus facilement.

Comme il y avait un piano à la maison, je pouvais facilement y jouer 2-3 heures tous les jours. N'ayant pas de professeur, je me suis procuré des livres pour connaître les accords de base, à savoir jouer la basse à la main gauche et un accord de 3 notes. Puis j'ai commencé à lire le chiffrage américain.

Du coup j'ai commencé à interpréter des titres des Beatles, des standards et d'autres petites conneries. Après j'ai pris quelques cours particuliers, avec une prof, durant 1 ou 2 ans.
Depuis un an, je me suis inscrit à une école de Jazz à Paris.

Est-ce que tu penses que le fait d'être un autodidacte a été un avantage au départ par rapport à la compréhension du Blues et surtout par rapport au feeling que tu pourrais apporter à cette musique ?
Oui je pense que c'est un avantage dans le sens ou cela m'a forcé à développer mon style. C'est à dire que cela m'a donné une envie de jouer de façon énergique sans avoir une partition, sans être freiné par quoique ce soit.

Cependant depuis quelques années je ressens un côté négatif au fait d'être autodidacte. Par exemple pour découvrir d'autres musiques, lire une partition et accompagner d'autres musiciens c'est un handicap. De ce fait j'ai envie de bosser davantage…

Le chant est-il venu naturellement par la suite ?
Oui c'est venu tout seul car il fallait un chanteur dans le groupe. J'avais envie donc je ne me suis pas posé de questions.

Au départ ce n'était pas très juste mais je me suis accroché et depuis je n'ai jamais arrêté. Là encore je n'ai jamais travaillé ma voix, encore une fois c'est venu en écoutant des disques…

De quelle façon s'est passée ton incursion dans le milieu du Blues professionnel français ?
Cela a commencé avec mon premier groupe de Lycée. Nous avons fait la première partie du Chicago Blues Festival grâce à Christian Boncourt qui organise les Blues Station à Tournon.
Il nous a fait confiance alors que nous n'avions qu'entre 16 et 20 ans chacun. Six mois plus tard j'ai rencontré Nico Wayne Toussaint qui m'a immédiatement engagé dans son groupe.

C'était très excitant pour moi de partir comme cela. Nous faisions au minimum cent dates par an.
Ceci m'a permis de côtoyer d'autres musiciens et de rentrer dans les Festivals.

J'ai monté un autre groupe deux ans après et cela a bien marché. Le bouche à oreille a fait en sorte que je ne manque jamais de concerts.

Tu l'évoquais un peu à travers Nico Wayne Toussaint mais pourrais-tu revenir sur tes nombreuses collaborations ?
Après Nico j'ai eu la chance de remplacer le pianiste de la chanteuse anglaise Dana Gillespie. Je joue toujours avec elle et je me suis notamment produit, à ses côtés, deux mois en Inde. Elle adore le Blues et le Boogie, surtout Otis Spann. J'ai donc beaucoup bossé les lignes de basse.

Par la suite j'ai rencontré Big Joe Turner, qui était le bassiste de BB King et Albert King, qui vit en France du côté de Tours. Nous avons fait quelques Festivals ensemble…

J'ai aussi joué avec quelques groupes français comme les Scratch My Back avec Kevin Doublé.
A Bordeaux j'ai rencontré Anthony Stelmaszack qui m'accompagne ce soir. J'ai aussi accompagné Mister Tchang etc…
Avec mon batteur actuel (l'excellent Guillaume Nouaux, Nda) nous avons accompagné Chuck Berry l'an dernier.

J'ai aussi joué un peu avec Keith B. Brown ainsi qu'avec John Primer pour quelques dates en Italie.
Je ne me souviens que de cela mais c'est déjà pas mal…

Je me souviens de t'avoir vu aux côtés de Little Victor pour accompagner Louisiana Red en Belgique…
Oui exact !

As-tu des anecdotes liées à toutes ces collaborations. Pour Chuck Berry, par exemple ?
Avec Chuck Berry nous n'avions pas de liste ni de morceaux à répéter. Nous n'étions en contact avec personne en dehors du promoteur de ce concert. Ce dernier ne nous a rien indiqué sur le répertoire sachant que même les accompagnateurs habituels de Chuck ne savent pas à l'avance ce qu'il va jouer.

Du coup nous avons travaillé sur ses disques, comme j'avais pas mal de vieux 33 tours. Nous avons, ainsi, bossé les classiques et regardé quelques DVD.
Notre première rencontre avec lui a eu lieu sur scène.

Nous avions commencé le concert puis il est arrivé. C'est son bassiste qui nous a aidé sur scène en faisant certains signes qui correspondent à un " langage " pour le groupe.

C'était sympa, ça s'est bien passé et Chuck Berry avait l'air plutôt content du résultat.
Au niveau du travail cela s'est vraiment fait à l' " arrache " (rires).

Depuis quelques temps tu accumules de nombreux prix. Peux-tu revenir plus spécifiquement sur l' " International Challenge " de Memphis ?
C'est Jean Guillermot de " Blues sur Seine " qui m'a proposé de partir pour ce concours. J'ai accepté sans vraiment savoir de quoi il s'agissait, j'étais déjà allé à Memphis comme touriste et j'adore ce coin là des USA. Je n'ai donc pas eu à réfléchir trop longtemps…

J'étais accompagné par mon batteur, Guillaume. En arrivant, dans le hall, il devait y avoir 200 ou 300 groupes, principalement des américains plus quelques belges et quelques suédois. C'est une vraie compétition où il y a des règles précises à respecter, des morceaux chronométrés etc…

Nous avions un peu la pression mais nous nous sommes retrouvés en demi-finale. Il ne restait alors que 4 groupes sur 50 dans la catégorie " duos ". C'était vraiment chouette avec un excellent public qui était très réceptif.

C'était marrant car il ne fallait pas dépasser d'une minute le temps imparti sinon le jury, composé de 4 ou 5 personnes qui ne sourient pas beaucoup, te sort un panneau sur lequel il y a inscrit " 10 secondes " puis " 5 secondes "…
Si tu dépasses, tu es éliminé, c'est marrant…

Nous y avons fait de belles rencontres et passé de bons moments avec Jean.

Aujourd'hui est-ce que tu accompagnes encore régulièrement d'autres artistes comme ce fut le cas dernièrement pour Nina Van Horn ?
Je n'avais jamais joué avec Nina…
Elle m'a contacté et l'enregistrement s'est fait très rapidement. Je l'avais rencontrée sur un Festival il y a 3 ou 4 ans et ça avait été très sympa.

Je n'ai pas le temps de beaucoup l'accompagner sur scène et elle a déjà un pianiste qui est sympa. Cependant ça a été une grande rencontre et une belle expérience en studio.
J'avais enregistré ces 5 ou 6 morceaux seul, sans le groupe, en écoutant les bandes et en enregistrant par dessus.

Dans quelles configurations te produits-tu sous ton propre nom ?
Il arrive que l'on forme un sextet avec un trompettiste en plus du saxophoniste. Sinon je tourne, le plus régulièrement, en trio contrebasse - batterie - piano ou en quartette avec un guitariste. Cela change en fonction des endroits…

As-tu beaucoup enregistré sous ton propre nom ?
J'ai enregistré un premier disque en 2002, un live dans un club de Bordeaux " Le Comptoir du Jazz ". Nous nous y produisions tous les dimanches à l'époque sous le nom de JB Boogie.

L'année suivante nous avons enregistré, sous le même nom, en trio avec Thibaut Chopin à la contrebasse et Anthony Stelmaszack à la guitare.

Enfin l'année dernière j'étais à La Nouvelle-Orléans avec un groupe de Jazz traditionnel français où nous avons rencontré un gars qui a voulu nous enregistrer pour faire un album de Blues. C'est là que j'ai rencontré Sébastien Girardot (contrebasse) et Guillaume Nouaux (batterie), la rythmique qui m'accompagne ce soir.
Nous repartons dans cette même ville en avril 2007 afin d'enregistrer un nouveau cd.

Peux-tu me parler plus en détails de ces projets, de la composition du groupe et des éventuels invités par exemple ?
J'avais rencontré l'an dernier, en Louisiane, le clarinettiste de jazz local Evan Christopher. Je joue beaucoup avec lui actuellement et nous avons enregistré sous son nom.

Il m'apporte beaucoup dans un style un peu plus " jazz-swing ". Nous enregistrerons ensemble mon prochain cd sur lequel figurera aussi son guitariste anglais.

Il y aura peut être quelques invités de New-Orleans comme Leroy Jones, un trompettiste avec lequel nous jouons de temps en temps, on verra…
Les projets sont donc de toujours voyager et faire un maximum de rencontres tout en me concentrant au maximum sur ce que je fait avec Evan et avec mon groupe.

As-tu une conclusion à ajouter ?
Non, sinon de vous souhaiter de passer un bon moment avec mon groupe et moi-même ce soir au Jazz-Club Lionel Hampton.

 

 
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Les liens :

www.jbboogie.com

Interview réalisée
au Jazz Club Lionel Hampton, Le Méridien
- Paris le 20 janvier 2007

Propos recueillis par
David Baerst

En exclusivité !

Interview de Julien Brunetaud

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