Terry Evans
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST


Une grande partie du public vous connaît depuis votre participation à la bande originale du film "Crossroads" (film de Walter Hill, Columbia Pictures 1986, Nda) aux côtés de Ry Cooder. Avez-vous ressenti, à ce moment là, un grand bouleversement dans votre vie professionnelle ?
Je connaissais et travaillais déjà avec Ry Cooder avant que ce film ne soit produit. Il a réellement joué un rôle très important dans ma propre carrière. En ce qui concerne le film en lui-même et sa bande originale de celui-ci, c'est surtout d'un point de vue financier que cela a changé ma vie.

Un autre grand artiste ayant collaboré avec Ry Cooder, à savoir Taj Mahal, a connu des difficultés avec lui. Avez-vous connu, vous aussi, des problèmes relationnels avec ce grand guitariste ?
Pour moi Ry Cooder est un être merveilleux et je n'ai jamais connu de difficultés lorsque nous travaillions ensemble. Il est possible que cela n'ait pas été le cas pour tout le monde...
D'ailleurs, juste avant de venir ici, nous avons commencé à travailler ensemble sur une nouvelle bande originale d'un film qui devrait sortir l'année prochaine.

Pouvez-vous revenir sur votre carrière, avant votre rencontre avec Ry Cooder ?
J'ai commencé alors que je n'étais qu'un enfant à Vicksburg, Mississippi. Ma famille était très religieuse et, de ce fait, j'ai débuté le chant à l'église dès l'âge de 8 ans.
Cela a commencé dans la chorale des jeunes puis avec les "moins jeunes". C'est vers l'adolescence que je me suis orienté vers la musique profane en entendant des artistes tels que John Lee Hooker, Elmore James, Sam Cooke...
Par la suite j'ai intégré des groupes de Doo Wop jusqu'à mon départ pour Los Angeles où j'ai fait la connaissance Bobby King (autre grand chanteur avec lequel Terry à longtemps formé un duo, Nda) qui m'a permis de rencontrer Ry Cooder.

Avez-vous envie de revenir au Gospel pour un éventuel album ?
A travers toute ma musique profane il y a de fortes influences venues du Gospel, au niveau des harmonies par exemple. Beaucoup de gens nous demandent, Bobby King et moi, pourquoi nous ne ferions pas un album de Gospel ensemble. En fait nous y pensons et nous pourrions bien finir par le faire.

Vous avez, avec Bobby King, effectué de nombreuses sessions d'enregistrement, en tant que choristes, pour des grands noms de la musique. Pensez-vous que cette carrière parallèle a mis un frein à vos projets solos ou bien est-ce qu'au contraire cela a été un tremplin ?
Le fait que tous ces artistes s'adressent à moi m'a beaucoup aidé au point de vue financier. De plus cela est extrêmement gratifiant de savoir que toutes ces personnes ont pensé à moi.
Par contre je suis incapable de dire si cela m'a freiné dans ma carrière solo car on ne sait jamais vraiment d'où vient sa popularité ni comment celle-ci se développe.
Sur le plan personnel j'en suis très content et je continue, c'est quelque chose de beau.

Connaissez-vous des artistes français et qu'en pensez-vous ?
Il n'y a qu'un artiste français que je connaisse. Il s'agit de Johnny Hallyday, j'ai participé à un album de Blues qu'il a enregistré il y a longtemps (album "Rough Town" en 1994, Nda) et j'en garde un très bon souvenir.

Savez-vous ce que devient Bobby King depuis que vous n'enregistrez plus ensemble ?
Oui, il a participé à la dernière tournée de Bruce Springsteen. De plus, son père, qui est pasteur, lui a demandé de revenir vers ses origines afin de produire le groupe de Gospel familial.

Pouvez-vous me parler de votre dernier album en date "Fire in the Feeling" (Crosscut Records, 2005) ?
Je pense que c'est un album chaleureux donc j'en suis très content. Comme j'écris moi-même mes titres et que je m'investis beaucoup dans la production, je suis, en fait, très fier de tous mes disques.
En ce qui concerne le dernier, je suis très heureux du retour médiatique, en particulier en France.

Sur ce disque figure un grand spécialiste de la guitare slide, David Lindley. Comment avez-vous connu ce personnage ?
Au départ c'est Ry Cooder qui était prévu. Comme il avait un projet très important de son côté, il s'est désisté. Il m'a cependant suggéré de travailler avec David Lindley qui figure d'ailleurs sur un titre que Ry Cooder m'a écrit "My baby joined the army", un morceau assez politique. David Lindley a fait un travail formidable sur cette chanson comme sur les autres morceaux auxquels il participe.
Sur mon prochain album, Ry Cooder devrait, à nouveau, participer à quelques sessions.

Etant auteur-compositeur, avez-vous déjà mis ce talent au profit d'autres artistes ?
Oui, j'ai fait des chansons pour Pop Staples (Staples Singers) ainsi que pour Louis Jordan. Le titre que j'ai fait pour Louis Jordan figure sur son tout dernier album.
J'écris aussi pour des artistes moins connus, d'ailleurs si vous avez besoin d'une chanson, je suis là ! (rires)

Avez-vous déjà enregistré un album entièrement acoustique ?
Je n'ai jamais fait de morceau acoustique mais cela pourrait être un futur projet effectivement.
Cela dit, lorsque je compose un morceau, je le fais à la guitare acoustique. C'est en studio que je le ré-arrange par la suite.

Il y a de nombreux artistes issus du label "Music Maker" (label créé par Tim Duffy et venant en aide aux bluesmen oubliés, voir interview sur le même site, Nda) qui figurent sur la programmation du Cognac Blues Passions cette année. Est-ce un label réputé aux USA et quel regard portez-vous sur celui-ci ?
C'est une fondation bien connue aux USA dont je pense le plus grand bien. Elle aide des gens qui ne pouvaient même pas avoir une indépendance financière.
Peut être qu'un jour moi aussi j'aurai besoin d'eux....

Pour en revenir à vos compositions, subissez-vous des influences concernant vos arrangements ?
Cela se passe de façon naturelle, je ne sais pas si cela vient de l'extérieur vers moi ou l'inverse. En tout cas, lorsque je compose un morceau, j'imagine en même temps les arrangements bien qu'il m'arrive parfois de changer certaines choses au dernier moment. De façon générale, je ne suis jamais influencé, c'est vraiment une chose qui est devenue naturelle avec le temps et l'expérience.

Avez-vous autre chose à ajouter ?
Je pourrais juste encore vous chanter une chanson.....
(Terry entama alors une superbe version a cappella du standard "Unchained Melody", Nda)

www.terryevansmusic.com


 
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Interview réalisée au Cognac Blues Passions le 27 Juillet 2006

Propos recueillis par David BAERST

 

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