Nina Van Horn
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST



Nina, tu es la plus américaine des chanteuses françaises, d'où te vient cet amour des USA et ce pays te faisait-il déjà rêver dans ton enfance?
Comme tout le monde c'est un pays qui me faisait rêver…
On a tous vu des westerns avec John Wayne et nous avons tous joué aux indiens et aux cow-boys.

De surcroît j'avais la chance d'avoir un papa coopérant avec le gouvernement des USA, ce qui implique qu'il a traîné toute sa famille là-bas par période. De ce fait j'ai eu des périodes américaines entrecoupées de périodes durant lesquelles nous revenions en France. Il fallait, alors, me réhabituer à vivre à la façon française.

Cela a fait de moi une franco-américaine ou une américano-française, bien que je me sente plus une citoyenne du monde que issue d'un pays en particulier.
Comme je le dis sur mon dernier cd, je reste française au lit car je crois que c'est une bonne marque de fabrique (rires).

Durant tous ces voyages et cette enfance, quels ont été les premiers sons musicaux qui t'ont marqué. As-tu découvert la musique américaine là-bas ou l'écoutais-tu déjà en France?
Quand j'étais en France, j'étais plutôt axée sur Joan Baez dont j'appréciais les chansons à textes contestataires. J'adorais aussi Donovan, ne serait-ce que parce que je le trouvais très mignon et qu'étant fille ce garçon me touchait (rires). J'étais aussi plus " Rolling Stones " que " Beatles "…

Je vivais aux USA, dans les années 70, au moment où la musique y fleurissait. J'ai pris les " années Hippies " en pleine bouche. J'écoutais tous les grands groupes de l'époque sans savoir que je ferai cela plus tard.

Comment t'est venu le chant, le pratiquais-tu déjà dans ton enfance?
Dès l'âge de 3 ans je voulais être danseuse, dès que j'entendais de la musique je me mettais à danser. Je me fabriquais des tutus avec des vieux rideaux, c'était une vraie parano…
Petite, je chantais aussi dans les repas et il parait que lorsque je me promenais avec mes parents, j'allais voir les gens dans les cafés pour leur chanter une chanson.

La musique m'est vraiment " venue " lorsque j'étais danseuse dans une compagnie qui faisait de l'Opéra et de l'Opérette. Comme dans beaucoup de compagnies, les danseuses participaient aux chœurs. Un jour, en faisant répéter les danseuses, on s'est rendu compte que ma voix passait au-dessus de tout le monde. J'avais un directeur de compagnie intelligent qui m'a, alors, proposé de travailler ma voix. De ce fait à 18 ans j'étais soprano coloratura (terme désignant, dans le milieu, une soprano particulièrement agile, Nda). Je montais au contre mi bémol et je chantais le répertoire (rires)…

Aujourd'hui cela paraît hallucinant quand on entend mon timbre de voix. Là-dessus sont quand même passés plus de 30 ans de whisky et de cigarettes. Je me vois mal chanter " La Traviata " maintenant.
Par contre j'en ai gardé une bonne technique vocale et je fais toujours des vocalises comme tout chanteur d'Opéra avant chaque concert. Cela fait parfois beaucoup rire mes musiciens.
Il me reste une certaine puissance, je sais faire travailler mon diaphragme etc…
Ma base de danseuse m'aide aussi pour mes prestations scéniques, dès que je monte sur une scène je suis toujours très à l'aise et je sais utiliser mon corps grâce à cette expérience.

Le fait d'avoir été danseuse t'a-t-il apporté une certaine rigueur dont tu te serais servie tout au long de ta carrière?
Bien sûr et je pense que beaucoup de musiciens devraient passer par cette école (rires)…

C'est un métier rigoureux et difficile où on fait souffrir son corps en permanence. Je l'explique parfois à mes musiciens quand ils se plaignent de la fatigue et des longs déplacements en tournée. Je leur dit que s'ils étaient dans une compagnie de ballet ils feraient la même chose avec, en plus, un cours de danse à 10h00 du matin puis une répétition l'après-midi avant le spectacle du soir et ça recommencerait le lendemain…

Donc il ne faut pas pleurer, la vie de danseur et une vie extrêmement difficile et dans ce milieu nous sommes tous de gros " masos " car nous demandons beaucoup à notre corps. Cela, tout simplement, au service de l'art et de ce que nous avons envie de faire…
Maintenant si je demande beaucoup à mon corps ou à ma voix lors de concerts, cela ne me semble pas si éloigné de l'époque où je faisais mes cours de danse et que je me faisais saigner les pieds…

Il n'y a pas grand-chose de différent finalement…

Ta vie est jalonnée de voyages, peux-tu revenir sur tes multiples expériences entre la fin de ton adolescence jusqu'à ton retour en France dans les années 80?
J'espère que tu as un peu de temps (rires)!

Cela me fait penser à un douanier iranien qui me demandait de remplir sur une feuille tous les pays du monde dans lesquels nous avons été avec mon mari. C'était une obligation pour le gouvernement iranien à l'époque du Chah. Cela nous a pris beaucoup de temps et demandé un grand effort de mémoire, nous avons rendu 3 pages…

Les voyages ont toujours fait partie de ma vie, je suis sur scène depuis l'âge de 14 ans. Je faisais alors des tournées le week-end pour rentrer le lundi afin d'essayer, tant bien que mal, de poursuivre mes études. C'était une condition obligatoire pour mon père. Si les études n'étaient pas faites je n'aurais pas eu le droit de continuer à faire mon métier. Je devais être bonne à l'école et bonne à la scène…

J'ai posé les valises il y a peu de temps. Bien que, comme tu peux le constater - puisque tu es chez moi - il y a encore une valise qui est toujours là dans le Hall (rires).
Je me dis que ce n'est pas la peine de la descendre si je dois la remonter dans 3 jours…
Travaillant comme danseuse, j'ai beaucoup voyagé et ayant rencontré un danseur les choses ne se sont pas améliorées…pour mon père (rires). Nous avons eu notre compagnie de chant et de danse. Nous avons fait de la danse russe aussi , tournant durant des années au Moyen Orient, en Extrême Orient, en Afrique et dans pas mal de pays d'Europe.

Ensuite nous avons décidé de rester aux USA, voyageant dans tous les Etats pour faire des spectacles aussi bien dans des écoles, des Universités, des prisons (notamment la célèbre prison de Folsom, rendue célèbre par un concert de Johnny Cash qui s'y est déroulé, Nda), des " Veterans Home " qui sont des grandes villes faites pour les anciens combattants du Vietnam mais aussi des autres guerres…
La route fait partie intégrante de ma vie et de ma mentalité. J'aime être sur la route car cela me permet de rencontrer des gens et de rester dans différents pays afin de les connaître autrement.

La route c'est ma vie…

Outre la rencontre avec celui qui allait devenir ton époux quel est ton souvenir le plus marquant?
La rencontre avec les anciens combattants du Vietnam, pour l'ancienne militante anti-guerre que je suis, a été très touchante. Rencontrer des gens qui ont votre âge et qui sont pour toujours en total décalage avec la vie normale, qui sont incapables de se réinsérer, de recommencer à vivre, tout simplement, avec leurs femmes et enfants car toutes les nuits ils se réveillent en criant…c'est terrible.
Là on a vraiment senti qu'on leur apportait du bonheur…

Au même endroit quand nous faisions nos danses et chants russes, des vétérans de la guerre de 45 sont venus nous voir, nous disant que cela leur rappelait le moment où ils avaient fait la jonction avec l'armée russe et qu'ils avaient passé une nuit formidable à chanter, danser, à mélanger le whisky et la vodka…
C'est un homme brisé dans son regard et son allure qui m'a raconté cela et l'espace d'un moment il avait, à nouveau, un regard vivant, il revivait…

Parfois la musique et le chant ce n'est pas simplement vouloir être connu et célèbre mais aussi apporter du bonheur. J'ai l'air de Sœur Sourire lorsque je dis ça (rires) mais le fait de voir quelqu' un qui est au fond du trou et de lui apporter de la joie donne un grand sens à mon métier.

Puis j'ai fait de la Country Music puisque je fréquentais des gens de ce milieu et que je vivais au Texas.
A force d'entendre cette musique du matin au soir, au bout d'un moment tu commences à trouver ça bien (rires) (Nina plaisantait évidement à ce moment là, elle aime beaucoup la musique Country, Nda).
Cependant au bout d'un moment je ne m'y retrouvais plus donc je me suis naturellement tournée vers le Blues.

Quelles sont les rencontres les plus marquantes, au niveau des musiciens, que tu as fait sur place?
Il y a eu Willie Nelson, John Mellencamp et Dan Aykroyd car à ce moment la je fréquentais le milieu Harley Davidson. J'ai eu l'occasion de jouer devant, de les rencontrer et de devenir leur amie.
C'est eux qui m'ont poussé à plus m'orienter vers le Rock et le Blues. Comme j'écoutais beaucoup de Rythm and Blues (car mon mari en est fou dingue), je me suis lancée bien que ne m'en sentant pas capable. Petit à petit j'ai été aspirée par cette musique et je crois qu'ils ont eu raison car c'est cela que j'aime!

Les Blues Brothers sont tatoués sur ton épaule, est-ce justement un clin d'œil à ton amitié envers Dan Aykroyd ou davantage une référence à un état d'esprit qui t'a touché?
J'adorais Dan et quand j'ai vu ce film, moi aussi j'ai vu la lumière " Do you see the light? " (référence à une séquence du film durant laquelle James Brown, en Pasteur, révèle aux Blues Brothers leur destin, Nda). Il y a beaucoup de choses qui me plaisent et qui me touchent dans ce long-métrage. De plus j'aime l'idée de mecs pas très catholiques et prêts à tout pour la bonne cause. Ils sont en dehors de la société et en même temps à son service. C'est une mentalité, un état d'esprit et je pense qu'il faut aller au-delà du film. Ce n'est pas seulement une BD comme certains le verront.
Si vous avez l'esprit " Blues ", c'est bon vous pouvez rentrer chez moi!

Outre ce tatouage, on remarque aussi sur ton bras celui qui représente la carte du Texas et l'inscription "The Rose", est-ce un souvenir de ta rencontre avec Bette Midler?
Oui c'est forcément ça, c'est la réplique de l'inscription de ce qu'il y a de marqué sur le nez de son avion dans le film "The Rose". Je l'ai fait faire car j'ai effectué une tournée avec elle et si je dois me revendiquer de quelqu'un c'est bien d'elle. J'ai beaucoup de respect pour cette femme, d'abord parce que c'est une ancienne danseuse. Aussi parce qu'elle a de la tenue sur scène, sachant aussi bien chanter, que danser, qu'animer un show.

C'est Dan Aykroyd qui m'a présenté son tourneur à l'époque de "The Rose". Elle m'a permis de faire sa première partie très longtemps et j'ai beaucoup appris à son contact et en la voyant sur scène. Elle a beaucoup d'humour et parle facilement avec les gens. En plus des ses grands talents, elle porte un grand amour à son public...
Grâce à elle je sais que monter sur scène ce n'est pas dire aux gens "regardez comme je suis bien", mais leur dire "Je vous aime aussi, je prends mon pied et j'espère que vous le prenez aussi en même temps".

Quand on arrive à cette communion là, c'est très fort. Elle m'a aussi fait un cadeau superbe car elle m'avait demandé de terminer mon show en chantant "The Rose". Donc je sortais de scène en interprétant ce titre et revenait devant le public. En fait la personne qui revenait vraiment c'était Bette Midler qui prenait ma place, habillée comme moi. Les gens, dans les premières secondes, ne remarquaient rien mais à la fin du morceau, je revenais et nous la terminions en duo. A ce moment là les spectateurs s'apercevaient que Bette était là, je m'en allais et elle commençait directement son show.

Je trouvais cela très culotté de commencé un spectacle si humblement avec un titre piano-voix et en faisant cette farce ultime au public. A partir de ce jour là c'est devenu mon grand exemple...
Cela me fait vraiment plaisir de parler de Bette car elle le mérite, c'est vraiment une grande dame.

Lors de ton retour en France, comment t'es-tu rapprochée du milieu musical hexagonal?
Je pensais continuer ma vie aux Etats-Unis mais suite au décès de mon père, ma mère a voulu rentrer en France.
Comme elle avait du mal à s'occuper d'elle, j'estimais que mon rôle était de rester à ses côtés. J'avais un peu tourné la page de la musique et comme mes relations et mes amis étaient aux USA j'envisageais mal de tout recommencer ici. Je n'en avais pas plus l'envie, mais après avoir rencontré quelques musiciens sur des concerts, cela a recommencé à me démanger.

Il a été difficile pour moi de me considérer en plus à 100% comme une française, bien que je ne me considère pas non plus à 100% comme une américaine. Ceci parce que les américains vivent un peu comme s'ils étaient sur une île, alors que moi je suis fière de m'intéresser à tout ce qui se passe dans le monde.

En France, nous avons gardé cet héritage de la Révolution et, de ce fait, nous nous intéressons à la société et aux problèmes des gens. Il faut dire qu'il y a aussi la "bonne bouffe" en France (rires)!
Quoique je sois capable de faire du boeuf bourguignon et de boire du coca avec, je suis désolée (rires)... En plus je ne mange pas de fromage, c'est mon côté "mauvaise française"....

Crois-tu qu'il y avait une certaine "jalousie" de la part de certains musiciens français qui se disaient "attention elle vient des USA, elle connaît la musique et risque d'être une rivale sérieuse pour nous"?
Non, ils avaient plutôt envie de travailler avec moi. Cependant ils ne comprenaient pas tous mes méthodes de travail. Certains musiciens aiment un peu trop se reposer...

Il faut dire qu'aux USA, il y a une vraie concurrence et une vraie nécessité pour les chanteurs de se battre. Il y a toujours meilleur que soit et ce dans les endroits les plus incroyables. Tu peux aller dans un petit bar et tomber sur un groupe "mortel", là tu te dis "Mince je suis dans un grand Festival mais le jour où ce petit groupe va débarquer ça va faire mal!".

Il faut toujours se remettre en question et essayer d'être meilleur, ce que je n'ai pas trouvé chez les musiciens français en revenant ici.
Il était très difficile de leur faire comprendre que je voulais beaucoup répéter car je voulais des choses "carrées" sur scène. A titre d'exemple il est très compliqué de faire comprendre aux musiciens français qu'ils doivent s'habiller pour monter sur scène et ne pas porter uniquement des jeans troués et des mocassins. Un musicien me disait qu'il ne pouvait pas porter de bottes ou de chaussures en cuir car ça lui faisait mal aux pieds. Je lui ai répondu que je m'en foutais car pour se produire devant un public il faut lui donner un peu d'illusion. Sinon à ce rythme je pourrais venir en pyjama et en pantoufles parce que c'est confortable.

Je mets un point d'honneur à faire l'effort de me maquiller, mettre des costumes et faire un show à l'américaine. Aux USA, un musicien, même dans un bar, vend son image et cherchera à se faire un look. Quand tu es sur scène tu n'es pas comme le mec ordinaire qui va passer le balai dans la rue, c'est ça le show business....
Aujourd'hui j'ai trouvé des musiciens qui, comme moi, savent que l'aspect visuel est presque aussi important que l'aspect musical.

Au départ tu t'es d'abord produite avec des groupes ou sous ton propre nom?
J'ai tout de suite commencé sous mon propre nom, mon groupe était "Nina & the Midnight Wolf Band", c'était ma bande de loups...
Des gens avides de scène, qui y montent, afin de "dévorer" le public....

"Un groupe à la Bob Seger qui viennent dévorer le public à coups de slide", comme le disait un critique.
Moi je veux des tueurs, je ne veux pas être la meilleure et avoir des musiciens comme des pots de fleurs! Il faut qu'on les remarque et qu'ils puissent s'exprimer.
S'ils ont des choses à dire, je leur laisse la place qu'ils veulent, mais s'ils n'ont rien à dire, il ne faut pas qu'ils me fassent 5 grilles pour 2. Le show c'est donner, mais donner avec intensité et vérité...
Si tu n'as rien à donner, ferme ta bouche et ne dis rien!

La transition discographique s'est-elle faite facilement ou as-tu dû te battre pour t'imposer auprès de labels?
Il faut toujours se battre, surtout quand on fait du Blues. Je ne vais pas l'apprendre aux auditeurs et heureusement qu'il y a des radios comme la tienne...
Quand tu vas chez un label ou une major avec un disque de Blues, on te regarde comme si tu faisais de la musique de Dinosaures, donc ce n'est pas facile d'être un artiste de Blues.

J'ai donc fait mon premier disque toute seule. Par la suite j'ai rencontré le label Cristal qui, bien qu'orienté vers le Jazz, s'intéresse aussi au Blues. C'est un membre de l'équipe de cette maison de disques, Philippe, qui est allé voir son Directeur en disant "Il n'est pas possible que cette fille ne soit pas signée, il faut qu'on la prenne avant qu'il ne soit trop tard".
Depuis je leur reste fidèle car ils font vraiment bien leur travail.

Avec ton dernier opus "From Huntsville to Jordan", on sent qu'une étape a été franchie. Aussi bien au niveau de la production, qu'au niveau des textes, des compositions et aussi au niveau du choix des musiciens qui t'accompagnent...
Ce disque est issu d'une grande rencontre avec le chanteur-guitariste texan Neal Black (voir interview sur le même site, Nda), j'avais envie de faire quelque chose avec lui depuis longtemps.
Ne sentant plus cette envie de travailler avec mon ancien groupe, j'ai décidé de tourner la page et j'ai recontacté Neal. Il m'a demandé de lui donner 15 jours avant de nous revoir.
Deux semaines plus tard, il revenait chez moi et avait déjà travaillé des morceaux. Je lui avais envoyé des idées, comme cette chanson sur Huntsville, cette ville texane où il y a de nombreuses exécutions.
Je ne voulais pas directement faire un texte sur la peine de mort mais plutôt sur le contexte de cette ville, où à l'heure où des gens font leurs courses et les enfants jouent dans la rue, des gens sont exécutés.

Comment peuvent-ils dormir alors que 2 fois par semaine on exécute des détenus, dont des personnes qui avaient 14 ans au moment des faits. C'est aussi le cas pour des simples d'esprit ou des gens qui ont la mauvaise couleur de peau...
On sait qu'aux USA il y a énormément d'erreurs judiciaires et je pense, à titre personnel, que la peine de mort n'est, à aucun moment, la bonne solution.

Neal s'est senti concerné par tous les thèmes que je voulais aborder. C'est pour cela qu'il y a aussi une chanson sur la Nouvelle-Orléans et sur l'ouragan Katrina.
Le fait de voir un pays comme les Etats-Unis incapable de gérer cette catastrophe m'a fait beaucoup de mal. George W. Bush Jr ne fait rien pour reconstruire les quartiers pauvres car il s'agit, probablement, de bonnes terres qui pourront être exploitées pour construire des quartiers neufs et riches. Les victimes se sont retrouvées très loin de chez elles, sans parler des milliers d'animaux euthanasiés et qui étaient souvent tout ce qu'il leur restait. Je ne vais pas faire ma Brigitte Bardot mais je veux dire par là qu'on a vraiment traité ces gens comme des moins que rien. Aujourd'hui encore, ils n'ont plus de biens et sont parqués dans des trucs infâmes au Texas, ils ne reverront peut être jamais leur ville d'origine...

C'est justement lors d'un concert de soutien aux musiciens de la Nouvelle-Orléans que j'ai rencontré Lucky Peterson (voir interview sur le même site, Nda).
Nous avons sympathisé tout en parlant de musique. Lorsque je lui ai demandé d'être mon invité sur le disque, il a dit oui tout de suite et a participé à l'enregistrement de 3 chansons aux claviers. Il en était tellement content qu'il m'a proposé de jouer sur tous les titres!
Je lui ai dit non car Julien Bruneteau devait aussi venir jouer de l'orgue et je tenais à avoir ce mélange de musiciens français et américains puisque je me revendique des deux pays. Les valeurs sont les mêmes des deux côtés de l'Atlantique!

Nous trouvons aussi sur ce cd l'excellent Fred Chapellier à la guitare et de nombreux autres amis qui souvent se libéraient au dernier moment pour nous rejoindre en studio.
Cela est expliqué dans le DVD qui accompagne le disque, il montre bien l'ambiance qui régnait lors de l'enregistrement.
Cet album est fait d'amour et d'amitié et j'espère que les gens le ressentiront comme cela.

Sur cet album il y a de nombreux titres originaux et deux reprises dont le "Out of the rain" de Tony Joe White, pourquoi ce choix?
Je n'ai pas le plaisir de connaître Tony Joe White (voir interview sur le même site, Nda) personnellement mais j'ai toujours aimé sa musique et j'ai déjà chanté dans le passé toutes ses chansons écrites pour Tina Turner.
Je ne peux avoir que du respect pour un tel artiste et j'aurais vraiment aimé signer un morceau tel que "Out of the rain".

C'est une chanson d'amour qui dit "j'étais au fond du trou", qui parle d'une rupture douloureuse mais aussi d'espoir car elle dit "Maintenant je t'ai rencontré toi et la tempête qui était au dessus de ma tête est partie, je suis enfin sorti de la pluie...". L'autre reprise est "Get away Jordan", c'est une vieille chanson interprétée par Mahalia Jackson et écrite par un illustre inconnu, Mc Dade.

Les paroles de ce titre disent "Dieu se penche pour regarder les hommes sur terre et quand il voit toutes leurs conneries il se dit qu'il va bientôt prendre une pierre, taper dans ses mains et ce sera le Jugement Dernier".
J'ai trouvé que cela était vraiment d'actualité car sur cette planète beaucoup de choses ne vont pas, il faut que ça s'arrête.

Justement, pour quelles revendications serais-tu prête à te battre aujourd'hui?
Je revendique toujours avec fierté mon petit côté 68. C'est une chance de vieillir et d'être encore révoltée par des choses. Le jour où on est plus révolté ça veut dire qu'on accepte tout et je pense qu'il faut arrêter de tout accepter. Il faut se battre contre la vente des enfants, de leurs organes, des armes, contre l'organisation de guerres simplement provoquées pour faire du profit.

Je crois que 500 personnes se partagent les plus grandes richesses du monde, ce sont elles qui gouvernent la planète économiquement. Arrêtons de vouloir en avoir plus, une partie de la planète est en train de crever pendant que l'autre ne pense qu'à se gaver....
Je ne suis pas une donneuse de leçons mais juste une réveilleuse de consciences.

Tu commences à te produire de plus en plus à l'étranger, surtout dans les pays de l'est, comment ressens-tu cette scène?
J'ai décidé d'explorer les pays de l'est car on y trouve une forte envie de découvrir les musiques comme le Blues et le Rock. Cette année j'ai chanté en Pologne, en Hongrie où je me suis produite avec les Ten Years After.

L'accueil était royal et les Festivals y sont très biens organisés bien que les gens n'aient pas encore de gros moyens. Le public est très ouvert et très festif, cependant en Pologne alors que je disais aux jeunes de ne pas oublier de mettre des préservatifs, les gens sont restés très silencieux. Ceci en raison de la montée du Catholicisme depuis Jean-Paul II (voir interview sur le même site, non je déconne! Nda). En fait mon discours était décalé par rapport à ce qu'on enseigne à la jeunesse polonaise, je n'étais pas politiquement correcte en disant cela...
Je l'ai redit le lendemain et je continuerai toujours à le dire...

Faites attention et sortez couverts, que ce soit en Pologne, en Hongrie, en France ou partout ailleurs!

As-tu autre chose à dire en conclusion?
Un peu d'amour en plus ne peut pas faire de mal et y a beaucoup d'amour dans mon cd....
Si vous voulez me rendre la vie jolie, achetez mon cd et si vous ne voulez pas ce n'est pas grave mais, par contre, rendez là vous jolie à vous!

Amusez vous, écoutez du Blues et dites à ceux que vous aimez que vous les aimez...ça peut aider et ça ne peut pas faire de mal!

Remerciements: Mille milliards de mille mercis à Nina et Misha pour leur gentillesse et la qualité de leur accueil. See you soon!!!

 
Interviews:
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Les liens :

ninavanhorn.com

Interview réalisée
le 29 août 2006
à Houilles (78)

Propos recueillis
par David BAERST

En exclusivité !

Interview de Nina Van Horn

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